vendredi 4 octobre 2019

100 miles Sud de France - clap de fin!

Alors celle-là elle n'était pas prévue. Mais après être passé à côté de l'UTMB, je sais que j'ai besoin de vite me remettre en selle pour ne pas trop gamberger. 5 semaines après l'UTMB, me voici donc au départ du 100 miles Sud de France, une course que j'avais déjà faite en 2015. Ce n'est peut-être pas très raisonnable d'enchainer deux 100 miles si rapprochés mais les chronos sur mes derniers entrainements sont plutôt bons et la tête en a envie alors c'est parti. Et puis ce 100 miles c'est un peu de la triche parce qu'il est globalement descendant. Bon d'accord, il faut quand même se coltiner 174km 8200+ et 10000-...

[voir le parcours sur tracedetrail]

Nous sommes environ 250 au départ à 10h du mat à Font Romeu. Bon, c'est sûr, ça me change de l'UTMB! Un petit tour de stade sera suffisant pour étirer le peloton. Je me doute que je risque de piocher sur la fin de course, pourtant je pars à un rythme correct de "aller au bout sans vendre des cravates". Je suis en tête de la course féminine dès les premiers mètres. C'est facile à voir puisqu'il n'y a qu'une vingtaine de gars devant moi. Ah le plaisir des courses intimistes!

Les 13 premiers km sont sympa et permettent de s'échauffer en douceur puisque c'est globalement descendant. Je trouve que les jambes sont plutôt bonnes, ça c'est déjà un bon point.

Photo: organisation


C'est à Planès (km13) que la course commence vraiment avec les premières montées. Mais là c'est un sketch: je suis bien sur le GR10 mais je ne vois plus aucune rubalise. Je veux faire demi-tour mais un coureur derrière moi me dit qu'il a fait la reco et que si, c'est par là car il faut suivre le GR jusque Arles. OK donc, va pour le GR mais c'est quand même assez déroutant car sur les 10 prochains km je verrai peut-être 2 rubalises... Heureusement qu'il y a la peinture rouge et blanche du GR!

En tout cas le sentier en lui-même est vraiment canon. Jusqu'au col Mitjà (km25) on n'a presque que des monotraces, souvent techniques. C'est très sauvage et "pyrénéen". La vue du col de Mitja vaut le détour. Je me dis que j'ai bien fait de craquer et de la faire cette course!

Photo: Olivier Jeantet

Le festival pyrénéen continue avec le joli col de Pal (km33) puis une longue descente entrecoupée de quelques bosses jusque Vernet les bains (km55). Là je retrouve mon assistant du jour, en la personne de Denis (également organisateur du Ceven'trail). J'ai un peu honte car cela fait des heures qu'il m'attend et je ne reste que quelques minutes, sans décrocher un mot en plus! Ah si, j'ai quand même le culot de lui faire remarquer que ces chaussures qu'il a sorties du sac, elles n'ont rien à faire là puisque c'est seulement à mi-course que je lui ai demandé de les préparer. C'est que mamie a ses manies et en l'occurrence c'est qu'il y ait le minimum de choses sur la table d'assistance. Comment ça, je suis psycho-rigide en course? Dans la vie aussi peut-être en fait... ;)

Je repars du ravito malheureusement 5' après le départ du 120km. Mauvais timing car ce qu'y m'attend, c'est 10km 1500+ de sentier étroit sur lequel je vais devoir beaucoup doubler. Les coureurs sont très sympas, beaucoup se poussent et préviennent devant pour qu'on s'écarte. J'ai droit à beaucoup d'encouragements, ça me motive, mais ce rythme de "doubler vite-reprendre ma respiration derrière" est épuisant. Je laisse pas mal d'énergie dans la bataille. Au refuge des Cortalets (km65) c'est la cohue et comme je n'aime pas ça, je repars aussi vite que possible. Venez pas m'embêter, je veux être seule! De toute façon, mieux vaut ne pas trop s'attarder car la nuit est tombée et il commence à faire frais (nous sommes au point culminant, 2180m).

Peu après le brouillard fait son apparition. D'abord léger puis tellement épais que je peine à voir quelques mètres devant. Je jardine plusieurs fois car je ne vois pas le balisage, pourtant irréprochable, mais la visibilité est telle que même le chemin devant mes pieds est difficile à discerner. En plus je suis seule, je ne vois pas une frontale ni devant ni derrière. Un bon coup de flippe quand même! Autant vous dire que je suis bien soulagée d'en sortir peu avant Batère. En plus cerise sur le gâteau, je retrouve mon grand frère et Céline qui me font la surprise d'être là. Mon frère me dit "le ravito est juste en bas, il y a un groupe de 4-5 féminines qui font une pause". Je souris car je comprends qu'il ne sait pas qu'elles sont sur le 120km. Devant moi sur le 100 miles il n'y a que 6 gars...

Le ravito de Batère (km80) est bien trop bondé à mon goût. Je leur dit que je vais juste remplir les flasques et repartir. A quoi mon frère répond: "quoi, on a fait toute cette route, on t'a attendu dans le froid, dans la bruine et toi à peine tu arrives et tu repars?". C'est une pâle imitation de ma mère sur le ravito de Cilaos sur la diag 2014 sauf que elle le disait tout à fait sérieusement! :) Je repars en ne pensant ne plus les revoir. Mais c'est mal connaitre mon frère puisque cerise sur la cerise sur le gâteau, je les retrouve 10km plus loin, juste avant Arles sur Tech (km92). On rejoint ensemble le ravito où Denis nous attend. Je suis bien et je prends le temps de leur dire au moins deux phrases en me ravitaillant (purée pommes de terre-lentilles-curry). En repartant j'ai quand même droit de la part de mon frère à un "quoi déjà? tu repars sans même m'avoir demandé comment j'allais". Tout cela évidemment avec un grand sourire! :)

Au ravito d'Arles sur Tech. Photo: organisation


Les deux bosses suivantes ne paient pas de mine sur le papier mais elles sont trompeuses. Il y a beaucoup de cailloux, voire de rochers à enjamber, notamment le puit à glace qui est une tuerie pour ceux qui aiment le roulant. Plus sauvage, tu meurs! Mais ça tombe bien, j'aime ça! On a passé les 110km et je me sens bien, je prends du plaisir et suis vraiment contente d'être là. Mais dans la descente suivante changement de scénario car une douleur à l'épaule gauche se déclare. C'est le mouvement de balancier du bras qui me fait souffrir, lorsque le coude passe derrière le corps. Cette douleur, je ne l'ai pas vue venir et à ce jour je ne l'explique toujours pas (quelque chose de coincé?). La solution que je trouve, c'est de bloquer mon bras gauche sur mon ventre ou dans ma poche pour l'empêcher de bouger quand je cours. Mais mon équilibre s'en trouve affecté et je pers du temps, notamment sur les descentes techniques que je dois faire en marchant. Oui, tout le monde ne s'appelle pas Kilian Jornet (cf sa hardrock en 2017)!

J'avance mais ça doit quand même me faire gamberger car dans la descente vers le Perthus, je rate une bifurcation à droite (certes pas très bien indiquée). Je continue quelque temps la piste forestière avant de comprendre mon erreur. Je perds une quinzaine de minutes dans l'histoire. Pas très grave mais je suis en colère contre moi. Surtout que je suis un peu sur les nerfs avec cette foutue épaule qui me fait de plus en plus mal. Ce n'est pas une douleur insurmontable mais autant je résiste bien à la douleur de fatigue musculaire, autant je suis très faible face à la blessure. Je gamberge en espérant que ça n'empire pas.

Au Perthus (km135), je retrouve Denis pour une assistance encore parfaite. Je lui dis que j'ai mal à l'épaule et que je risque de perdre du temps en descente sur mon plan de course (marche!). Je repars pour la dernière grosse bosse. La montée au col de l'Ouillat se passe bien mais juste au dessus, un vent glacial souffle. C'est dingue, j'étais en tshirt juste avant et en quelques minutes, je dois mettre les manchettes et sortir la veste. Les gants n'auraient même pas été de trop! C'est de loin l'endroit le plus froid de la course, pourtant il fait beau, il est midi et on n'est qu'à 1200m d'altitude. Il y a un micro-climat assez hallucinant car à peine passé le Puig Neulos, je crève de chaud et dois tout enlever!

Je fais la descente vers la Vallée Heureuse en marchant. Il y a l'épaule évidemment mais il faut aussi avouer que mes cuisses sont gorgées de lactate depuis quelque temps. Probablement un souvenir de l'UTMB que je n'ai pas entièrement récupéré. Je retrouve Denis au ravito de la Vallée Heureuse (km155). J'ai le visage fermé et probablement marqué. Je ne sais plus si je lui parle, en tout cas je n'ai pas du dire grand chose d'autre que le "j'ai mal à l'épaule" qui tourne en boucle dans ma tête. Je vais finir mais je sais qu'avec cette douleur je ne vais plus beaucoup m'amuser. Il faut aussi dire que cette dernière partie de course est moins fun car il y a beaucoup de pistes et moins de vue qu'au début.

Photo: Denis Campigna


Peu de temps après, je me fais doubler par un coureur du 100 miles. Il est d'une fraicheur d'une autre dimension par rapport à moi. Je n'envisage même pas d'essayer de le suivre. Je le suis quelque temps des yeux et le trouve très beau avec sa foulée légère. Une antilope qui double un éléphant, voilà l'image que je m'en fais. Je perds avec cela ma place sur le podium scratch (j'étais 3ème au général).

Je passe tant bien que mal le Puig de Sant Miquel (km160) et Lavail. C'est avec une joie intérieure non dissimulée que je retrouve le bitume, synonyme de presque arrivée. "Presque" parce qu'il me faut encore parcourir près de 5km de route pas très rigolos. Heureusement je retrouve Olivier qui finira avec moi ces dernières minutes. J'ai aussi la surprise et le joie de retrouver mes beaux-parents qui sont en vacances dans la région et sont venus me voir. Je franchis la ligne en 29h13, 1ère femme, 4ème scratch/141 (3%).

Ainsi s'achève ma saison 2019 puisque c'était mon dernier dossard de l'année (normalement...). Le bilan de la saison viendra plus tard mais une chose est sûre, je suis extrêmement contente d'avoir fini sur cette course familiale qui fait du bien au coeur. J'avais besoin de tourner la page de l'UTMB et quelque soit le résultat, c'était de toute façon une bien belle façon de le faire! Merci à l'organisation de nous avoir concocté ce beau 100 miles de fin de saison, merci aux bénévoles qui sont toujours extras mais qui le sont peut-être même encore un peu plus sur cette course! Et une énormissime merci à Denis qui a assuré une assistance en or! On remet ça quand tu veux chef! ;)

A l'an prochain pour de nouvelles aventures!

dimanche 8 septembre 2019

UTMB 2019 - Coup de bambou!

Pour la 4ème fois en 4 ans, je suis au départ de l'Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), 171km, 10140+. Cette année, contrairement aux autres années où je doublais avec la diag', l'UTMB est mon unique objectif. Voici donc le jour J avec un grand J arrivé. Je ne me sens pas stressée mais sereine. La prépa s'est très bien passée, je n'ai pas eu un seul bobo de l'année. J'ai battu tous mes chronos sur mes derniers entrainements. J'ai fait le job, normalement tout devrait bien se passer... sauf si.... Je suis consciente que c'est la course d'un jour et que tout peut se passer. J'en ai déjà fait l'expérience en 2017!

[voir le parcours sur tracedetrail]

La stratégie aujourd'hui est un peu différente des autres années. Car j'ai déjà fini 3 fois l'UTMB et à chaque fois je trouve que je pioche sur les 50 derniers km. Aujourd'hui l'objectif sera d'arriver relativement fraiche à Champex, quitte à un peu plus temporiser avant. Je sais que si je suis bien pour les 3 dernières bosses, je peux reprendre plus de temps que je n'en aurai perdu avant.

Avec les copains du team du départ. Photo: Rémi Fabregue


Sur la ligne de départ, l'ambiance est chaque année un peu plus grandiose. Ludo et co hurlent au micro, des milliers de spectateurs font le clapping islandais, la musique de Vangelis retentit. Que d'émotions! J'en ai la chaire de poule. On pourra dire ce que l'on veut sur la politique expansionniste de l'UTMB et co, ce départ mérite d'être vécu!




Top départ. Je stresse toujours un peu sur les premiers mètres suite à ma désaventure de 2017 mais tout se passe bien et 100m plus loin je peux souffler un grand coup. UTMB 2019, c'est parti! Je sais que les 35 premiers km sont roulants et monotones. Il faut tenir dans la tête car ce début n'est pas très fun. Mis à part la montée au col de Voza avec une jolie vue sur les aiguilles de Bionnassay, presque tout se court en forêt. Vivement Notre Dame de la Gorge que la montagne commence vraiment.

Aux Houches j'ai la surprise de voir mes beaux-parents, Robert et Nicole, descendu du chnord pour me voir courir. C'est super sympa de les voir là surtout qu'ils ne m'avaient rien dit les cachotiers! Ils sont accompagnés de Cyril, mais ça ce n'est pas une surprise (mais toujours un plaisir ;)). Un peu plus tard les rejoindra mon frère venu de Toulouse. L'UTMB, c'est des émotions, de la sueur, et aussi il faut le dire une bonne dose de carbone...

Après une vingtaine de km de course on m'annonce quelque chose comme 25ème femme. Ah ouais carrément! C'est parti très vite devant, comme tous les ans mais c'est encore plus flagrant cette année. Néanmoins je trouve que je suis dans mon rythme avec de bonnes jambes donc je ne m'inquiète pas. Je me dis que tôt ou tard ça va craquer devant.

A Saint Gervais, l'ambiance est hallucinante. Il faut presque se faufiler un passage parmi les spectateurs. Le tour de France ne fait pas mieux! Il y a des centaines de mains d'enfants à taper. Une ambiance incroyable! Aux Contamines, je suis un peu en retard sur mes temps de 2018 mais pas d'inquiétude puisque j'avais dit que je voulais temporiser.

Ah voilà enfin Notre Dame. Je souffle un grand coup. C'est parti pour une très belle portion très alpine de 70km jusqu'au Grand Col Ferret avec, pour ouvrir les hostilités, 1300+ jusqu'au col du bonhomme. J'apprécie énormément cette 1ère nuit. Il fait bon, le ciel est étoilé, sans un nuage à l'horizon. Je me retourne plusieurs fois pour voir la farandole de lumières derrière moi. Des km de loupiotes, long filament d'or au milieu des montagnes (instant poésie).

Photo: Rémi Fabregue


Aux Chapieux, j'ai la surprise de retrouver Mathieu et Maud qui m'encouragent. Je leur dit que c'est parti vite devant mais que je me sens bien. Maud me dit "fais ta course, il n'y a que toi pour savoir à quel rythme tu peux aller". Cette phrase résonnera souvent dans ma tête les prochaines heures. Car contrairement à ce que je pensais, ça ne craque pas devant, du moins pas encore. Je continue sur le rythme que je pense correcte pour les gambettes, sans me soucier du classement. On verra bien à Champex.

A Courmayeur, je retrouve les deux hommes de ma vie, en la personne mon frère et Cyril. Je me ravitaille bien, change de chaussettes et chaussures, échange la NAO contre un bindi plus légère puisque le jour va se lever. Je suis 22ème femme mais je repars sereine.

Petit dej purée-lentilles sous les yeux de Cyril. Photo: Rémi Fabregue

La montée aux balcons du val Ferret est raide mais arrivée là haut: Houah! C'est le 4ème fois que je passe ici mais c'est peut-être la plus belle. La lumière au petit jour est magnifique. Il n'y a pas un nuage, le ciel est bleu azur. Les 20 prochains km offrent une vue imprenable sur les glaciers (ou ce qu'il en reste) du Mont Blanc côté italien. C'est roulant et il faut constamment relancer, ce n'est pas le terrain sur lequel j'excelle le plus, néanmoins ça passe presque vite tellement je trouve ça beau.

Je baisse un peu de régime dans la montée au Grand Col Ferret mais rien d'alarmant pour l'instant. Néanmoins je commence à avoir mal à la tête. C'est la première fois que ça m'arrive en course. Altitude ou déshydratation? Je penche pour la 2ème. Je me dis qu'il faut que je me force à boire plus. C'est vrai qu'il a fait chaud depuis le départ, j'ai pas mal transpiré, ce qui est très inhabituel pour moi et je n'ai pas pensé à m'hydrater plus que les autres années.

Arrivée au somment, je sais qu'à partir d'ici il va falloir serrer les dents. M'attend la partie que je redoute le plus. Sans difficulté aucune mais d'une grande monotonie: 20km de descente, en partie sur de gros chemins ou de la la route, surtout après la Fouly. J'ai toujours eu du mal à courir lorsque je ne m'amuse pas. Il ne faut plus réfléchir pour arriver le plus vite possible en bas. Surtout qu'à temporiser sur cette première partie de course, j'ai un peu grillé mes jokers, il ne faudrait pas que je perde trop de temps ici.

A mi-descente, je suis contente de trouver le ravito de la Fouly pour remplir mes flasques qui sont vides depuis quelque temps. J'ai de plus en plus mal à la tête. La chaleur augmente, je transpire. Au ravito est projetée une vidéo d'encouragement hilarante de la famille Nini battant des pieds. Elle tourne en boucle pendant que je me ravitaille. Tous les bénévoles sont morts de rire et moi avec.

Je repars juste devant Elisabet, une concurrente islandaise, qui me rejoint peu après. On fait toute la descente jusque Issert ensemble. On papote un peu, c'est plus motivant ainsi. Je me dis que c'est chouette d'être avec quelqu'un, ça me permet de garder un bon rythme. Seule, il est clair que j'aurais un peu plus marché.

Pourtant, je sens bien que quelque chose commence à dérailler. D'abord ma tête tambourine à chaque pas. Il est vrai qu'il fait très chaud et qu'on vient de faire plusieurs km de route. Entre les chocs et le goudron noir qui réverbère la chaleur, mon mal de crane augmente. Mais surtout je me sens de plus en plus faible, comme vidée. En fait je suis cuite au sens propre comme au figuré. Alors qu'on aborde la montée vers Champex, je dis à Elisabet d'y aller car je ne me sens pas bien. J'ai toutes les peines du monde à faire les 500m+.  Plusieurs filles me doublent. Je me sens faible, nauséeuse, avec la tête qui tourne et tambourine.

En pleine forme à Champex! Photo: mon frère

J'arrive au ravito de Champex dans un état pitoyable. C'est impressionnant de voir comme tout est parti en cacahouète en l'espace de 45'! Un vrai coup de bambou! Je dis à Cyril et mon frère que je ne vais pas bien, je me sens très faible et je ne me vois pas finir. Cyril insiste pour que j'essaie de me ravitailler. Ils me motivent en me disant que je suis au pied du top 10. C'est gentil mais vu mon état, si j'arrive à finir ce sera déjà bien.

Je repars en me disant que j'essaie la prochaine bosse et on verra à Trient si je continue ou non. Trop faible pour courir, je marche ou plutôt je marchote. Je cogite beaucoup: j'arrête à Trient ou j'arrête pas? Mon esprit oscille entre les deux décisions. Tout de suite, oui, j'ai envie d'arrêter. Il n'y a aucun plaisir à souffrir pour souffrir et j'ai toujours dit que je courais pour le plaisir. Seulement je sais pertinemment que si j'abandonne, je vais m'en vouloir demain. Ne vaut-il pas mieux peiner 12h (le temps qu'il me faudra pour rejoindre l'arrivée) que de ressasser ça des semaines, des mois? Car c'est un peu facile d'abandonner dès qu'on n'atteint pas son objectif. Ce n'est pas l'état d'esprit que je prone. Dans la balance pèse aussi le fait que je participe à l'étude médicale de Chaire ActiFS et je sais qu'ils ont besoin de sujets féminins à l'arrivée. Enfin cette année je suis marraine de coeur de la Fondation des Maladies Rares. Qu'est ce que 12h de galère, toute relative en plus, quand certains sont malades toute leur vie? A mettre les pour et les contre dans la balance, il n'y a pas photo, ma décision est prise: puisque j'arrive encore à avancer et que je ne me mets pas en danger, je vais le finir ce foutu UTMB. En marchant, certes, mais je vais finir. A partir de là, je passe dans une autre dimension: mon objectif était de finir avec un bon chrono, il est maintenant de finir quel que soit le chrono. Je me sens mentalement libérée d'un poids. Malheureusement ce n'est que mental puisque les gambettes sont à chaque pas un peu plus lourdes. Je suis vidée, mon corps est en ébullition.


Rafraichissement à Trient. Photo: mon frère

C'est ainsi que j'arrive à Trient. J'y retrouve mon frère et Cyril, accompagnés de Ram et d'Ingo qui me fait la surprise d'être ici. Ingo, c'est mon collègue suisse que je n'ai pas vu depuis 6-7 ans. Eh ben j'aurais aimé le voir dans un meilleur état! Je leur apprends que je vais finir en marchant et leur demande de ne plus me suivre. Vu mon chrono, je n'ai plus besoin d'assistance, qu'ils aillent s'amuser ailleurs. Evidemment ils refusent. Grrr personne ne m'obéit dans cette foutue famille! :)

Bon an, mal an, j'arrive à Vallorcine, non sans un bon craquage mental sur le début de la descente de Catogne qui est une looongue piste forestière descendante d'une monotonie rare, d'autant plus que je n'arrive pas à la courir.. Le chemin vers le col de Montets est, au vu de la forme du jour, très agréable car sans difficulté. Allez, il ne me reste plus qu'une bosse, ça devrait le faire! En fait, je n'avais pas imaginé à quel point la montée vers la Tête aux Vents serait dure. J'ai de plus en plus la nausée. Je m'arrête tous les 5 pas. Je le sais car je compte pour ne pas m'arrêter avant! Allez 1, 2, 3, 4, 5, stop! Les batons me sont bien utiles, pour monter d'abord mais aussi pour ne pas tomber lorsque je m'arrête car je titube! J'aurais eu cet état avant, j'aurais peut-être abandonné parce que franchement là ça devient limite. Je rencontre Mel et Reinhold dans la montée. Ils proposent de faire un bout avec moi. Je refuse, non pas pour le règlement (à ce moment côté chrono je ne suis pas à une pénalité près) mais parce que j'ai besoin d'aller à mon rythme de tortue liquéfiée.

Après un temps infini voire plus, j'arrive à la Tête aux Vents. La traversée vers la Flégère est une énorme bavante. Il faut sauter ou enjamber de gros rochers. Ca tape dans ma tête et je n'ai plus de force. Moi qui ne pleure que très rarement, je suis au bord des larmes. Des larmes de "y en a marre". Ca fait 10h que je marche sans plaisir, ça commence à me peser! Je me surprends à penser des choses comme: "Si je vois les Poletti, je leur fait bouffer leurs cailloux". "C'est quoi cette foutue fierté Blanchet mal placée, qu'est ce que tu fous là, il fallait arrêter" etc etc.

A la Flégère, mon Dieu, mon sauveur est là, en la personne de mon frère. Il a fait 1000m+ avec une entorse, juste pour m'encourager. Si ça c'est pas le plus merveilleux des grands frères du monde!!!  Le voir me redonne clairement un bon coup de boost. Je me surprends à réussir à courir toute la descente et même le plat final, alors que j'étais aux bord des larmes juste avant. Comme quoi le moral!!

Je franchis la ligne après 31h06 de course dont les 12 dernières à marcher! C'est 50% de plus que prévu sur cette portion. Je suis 17ème femme, 144/1556 (9% scratch). Je suis extrêmement contente d'avoir fini. D'abord parce que cela met un terme à cette bavante!! Ensuite parce qu'il y a une certaine fierté à ne pas avoir lâché le bout de gras. Oh ça a été dur, oh ça n'a pas toujours été rigolo mais je l'ai fait et ce n'est pas si anodin que ça.

Le sourire à l'arrivée! Photo: team vibram

Evidemment après coup, il y a quand même de la déception. Je ne m'étais jamais aussi bien préparée. Comment ai-je fait pour tout gâcher? Je pense qu'il y a eu un gros coup de chaud, voire une insolation. J'aurais pu, j'aurais du, mieux gérer la journée du samedi. En buvant plus, en me mettant la tête dans les fontaines, en portant une casquette fermée plutôt qu'une visière. Mon problème a été je pense de ne pas être assez concentrée sur moi. A force de me dire "tranquille, tu temporises et tu remonteras à Champex", je pense que je n'étais mentalement pas dans la course, pas assez à l'écoute de moi et de l'extérieur. Il y a donc eu une défaillance physique indéniable et évitable. Néanmoins il y a aussi eu une défaillance morale. J'ai déjà eu des coups de moins bien sur l'UTMB, des difficultés à manger, des hypos, et je me suis toujours battue pour les dépasser. Là, j'ai quand même l'impression d'avoir lâché un peu vite dans la tête. C'est plus facile de se battre quand on est dans le top 5 que quand on est 12ème. Je m'en veux que le classement ait eu une influence car j'aime à dire que je fais mon max et que le classement est indépendant de moi. Mais là quand même, il faut l'avouer, les attentes UTMB ont été plus fortes que moi.

Je reviendrai sur l'UTMB pour prendre ma revanche sur moi-même, c'est sûr. Néanmoins je ressens aussi le besoin de faire une pause UTMB. 4 départs en 4 ans, c'est beaucoup. Il me manque la niaque des premières fois. Ca reviendra, et vite, mais une pause s'impose! Je serai peut-être à Cham l'an prochain mais très probablement sur un autre format. A suivre!

Un énorme merci aux milliers de personnes qui nous ont encouragés, aux centaines de bénévoles pour leurs gentilles attentions. Merci aussi aux organisateurs de nous faire vivre ça parce que, quoi qu'il arrive l'UTMB, c'est quand même de sacrés émotions!. Un coeur-avec-les-doigts pour mon frère, Cyril, mes beaux-parents, Ram, Ingo, le team Vibram et tant d'autres! Merci à mes partenaires pour leur soutien même si ça ne marche pas à tous les coups.  Merci à la Chaire ActiFS pour les sprints d'après-course et les contractions maximales mais surtout pour leur bienveillance, leur gentillesse, et leurs M&m's!! Merci et bravo à Anne-So pour l'accueil des coureurs solidaires de la Fondation des Maladies Rares. Courir pour une cause plutôt qu'un chrono, ça a quand même sacrément plus de sens! Tout ça fait réfléchir! ...


dimanche 26 mai 2019

Trail du Hautacam 2019 - Attrape moi si tu peux!

Aujourd'hui c'est mon pèlerinage annuel trailesque dans les Pyrénées. Je fais presque tous les ans une compet' chez nos amis pyrénéens parce que j'aime changer et voir de nouveaux coins et parce que j'en ai marre d'entendre dire que les gens des Alpes ne viennent jamais courir dans les Pyrénées. Moi si, na! Donc après le GRP, la Black Mountain Race et plusieurs participation aux Citadelles, aujourd'hui j'innove avec un trail que je ne connais pas dans un coin que je ne connais pas: le trail du Hautacam 62km 4200+.

[voir le parcours sur tracedetrail]

Je suis en bonne compagnie puisque j'ai emmené mon frère dans ma camelback. Non pas pour m'assister puisque aujourd'hui ce sera sans assistance (oh my god, sais-je encore comment s'ouvrent les flasques??). Mais parce que lui aussi va mettre le dossard sur la version maratrail 42km 2600+. Ce sera son premier marathon. Son départ est 2h après le mien et un calcul rapide me fait dire qu'il devrait arriver avec moi mais je suis joueuse et le défie: "le premier de nous deux qui arrive à Beaucens a gagné". Comme nos "le premier de nous deux qui arrive au fond du jardin a gagné" quand nous étions petits (à pieds, en rollers, en vélo, sur une jambe, sur un bras!). Autant vous dire que je ne suis jamais arrivée la première au fond du jardin! Est-ce qu'aujourd'hui serait le-jour-où-j'ai-réussit-à-gagner-un-défi-contre-mon-frère?

5h à Beaucens donc, le départ est donné. Quelques mètres de bitume et on commence déjà à grimper. Une petite bosse pour s'échauffer, puis on attaque la grosse bobosse qui nous mènera jusqu'au pic Nerbiou (1300D+). On est très rapidement en terrain dégagé et la montée se fait presque intégralement sur les crêtes. Un début de parcours qui m'enchante: des monotraces à gogo et la montagne presque pour nous tous seuls. Ca me fait extrêmement plaisir d'être là. C'est finalement mon 1er trail en montagne de 2019 et ça m'avait manqué! Dommage que les nuages nous bouchent la vue car je suis sûre que ça doit être somptueux.


Montée au pic Nerbiou. Photo: organisation

La descente jusqu'au bois d'Isaby est pour le moins humide. En fait ce n'est pas dur, les pluies diluviennes d'hier ont transformé les chemins en  torrents. Au début j'essaie d'éviter de me mouiller les pieds mais je comprends vite que c'est peine perdue.

La montée jusque Soum de la Siarrouse se fait de nouveaux par les crêtes sur des monotraces plus que sympas. Suit une descente en aquaplanning vers le joli lac d'Isaby puis 10km à flanc de colline où il faut essayer de courir quand la boue et les mares naturelles le permettent. La descente depuis Courtalet jusque Gazost est toujours aussi belle mais elle casse bien les gambettes (1200D-)!

A la vue du parcours, je me demandais si le 62km "valait le coup" par rapport au 42km puisque la seule différence est la dernière bosse. Va-t-elle réellement apporter quelque chose? La réponse est oui! Et même un grand oui! Car cette montée jusqu'au Pic d'Hautacam est juste splendide. 8km de crêtes en monotrace, du bas jusqu'au sommet! Mes yeux et mes pieds se régalent, même s'il est vrai que les gambettes commencent à couiner. Il faut dire qu'après 50km, elle est dure cette montée, et on n'en voit jamais le bout!

La descente qui suit est raide sur le début puis, quand on rejoint le 42km, assez roulante. Je relance et jette mes dernières forces dans cette descente. Je double plusieurs coureurs et coureuses du 42km mais ne vois pas mon frère. Je me doute qu'il est loin devant mais on ne sait jamais, avec un peu de chance il aura craqué!! :D

A quelques mètres de l'arrivée, je le vois, changé et sec, un grand sourire aux lèvres. Il est arrivé depuis près d'une heure... Encore battue!! Bravo grand frère!

Haut les mains et bas les pattes! Photo: organisation

Je passe la ligne en 9h49, 1ère femme, 21/150 scratch (14%). Le chrono n'est pas folichon mais satisfaisant pour aujourd'hui car j'ai fait une bonne course sachant que je suis dans un gros bloc d'entrainement en vue du prochain ultra: prochain RDV dans les cailloux du Carroux pour la 6666 occitane

samedi 4 mai 2019

Tchimbé Raid 2019 - Quelle aventure!

12h passé de quelques minutes, j'attends avec 150 autres concurrents sur le stade (quelque peu tristounet) de Saint Pierre. Devant, nous attend le Tchimbé Raid, 103k et 5600+ à travers la partie nord de la Martinique.

[Voir le parcours sur tracedetrail]


Briefing pré-course de Roger, avec Yann et Hortense. Photo: organisation.

Le départ est donné. Dès les premiers mètres, je sens que les jambes ne sont pas mauvaises, c'est cool! Mais quelques minutes plus tard, je commence déjà à déchanter: nous sommes partis depuis 1km à peine et je suis déjà en nage. "En nage" est un euphémisme - en fait je suis une flaque sur pattes! Je suis trempée du bout des cheveux au bout des orteils. Moi qui d'habitude ne transpire pas! Mais de toute évidence je ne supporte pas bien ce départ sous la chaleur, surtout qu'il n'y a pas un brin d'ombre. J'ai mal à la tête et toutes les peines du monde à respirer, je suis au bord de la crise d'asthme. J'ai l'impression que tout mon corps rayonne de chaleur. Je suis un filet mignon dans un four à vapeur.

Hortense me double et je ne peux absolument pas la suivre puisque même sur le plat, je marche. Assommée par la chaleur. Je me dis qu'il va falloir réussir à refroidir la machine car je ne tiendrai pas 100km comme ça. Elisabeth et un groupe de coureurs me rejoignent. J'essaie de m'accrocher comme je peux au groupe. Est-ce que qqun aurait l'amabilité de sortir la corde et de me tirer siouplé? Peu après on bifurque pour un court mais intense passage de jungle. C'est méga raide, il faut enjamber des arbres, sauter dans la boue. Ce n'est plus de la course, c'est du hors-piste dans la jungle et ça m'amuse énormément. C'est tellement différent de ce que je fais habituellement! Je lâche un élégant "putain, c'est trop bien!". Je suis comme une gamine devant son premier G.I. Joe (non? ah bon?). Un coureur me dit que si ça me plait ici, je vais me marrer sur la 2ème partie de course. Cher coureur, je ne sais pas qui tu es mais saches que si tu passes par là, c'est toi qui a sauvé ma course. Car avant cela j'étais dans un mode négatif "il fait trop chaud, je ne vais pas réussir". A partir de là, je passe en mode guerrière: "je vais la finir cette course et elle va être inoubliable"!

Mode guerrière ON! Photo: organisation.

Il faut dire également qu'à mesure qu'on grimpe la Pelée, la température redescend. En haut (km13), on est même dans un épais brouillard avec du vent frais. Je soulève le tshirt autant que je peux pour refroidir le haut du corps. Si j'osais je courrais nue! :) Le moteur commence à refroidir, le rythme devient meilleur. En haut de la Pelée, on doit voir à 10m. Pour la vue imprenable, il faudra revenir!

Le début de la descente est extrêmement technique, voire même un peu dangereux mais c'est exactement ce qui m'amuse. Je double plusieurs coureurs. Un coureur me rattrape avec un "allez toupine!". C'est Christopher qui s'est perdu dans la montée. Dommage pour lui mais le voir m'a fait sacrément plaisir! Surtout que peu après on rejoint Hortense. Les trois toupines ensemble! :)

Christopher prend la poudre d'escampette et je double Hortense qui préfère assurer dans la descente. Il est vrai que ce début de descente est joueur. Si c'est tout le temps comme ça, ça promet! En fait à mi-descente le chemin devient plus raisonnable. On longe des bananeraies avec une vue sympa sur l'océan. Après Macouba (km23), c'est reparti pour plusieurs petites bosses sans difficulté. Je cours un peu mais moins que ce que je devrais. La température a baissé mais sur cette partie je me fais moins plaisir et donc je suis un peu moins motivée. Il faut dire que le semi entre Macouba et Ajoupa Bouillon (km44) est un peu monotone. Enfin il faut aimer les bananeraies... et les bananes! (private joke :))

Photo: organisation.

C'est à Ajoupa Bouillon qu'on rejoint la jungle. A partir de là, la course entre dans une autre dimension intergalaxique. En fait, ce n'est plus une course, c'est Koh Lanta. Il fait nuit, je suis seule avec ma frontale dans la jungle. Enfin seule, pas tout à fait car à en croire le brouhaha incessant, il doit y avoir quelques centaines de petites bébêtes autour de moi. Ca crie, ça bouge, ça saute dans les arbres. Je ne m'inquiète pas car on m'a dit qu'il n'y avait pas d'animaux dangereux. Enfin bon, j'ai quand même reconnu le cri d'un tigre, d'un lion, voire même d'un crocodile! Parole de grenobloise!

Le chemin est à peine tracé mais les nombreuses rubalises nous montrent la direction. Il faut enjamber certains arbres, passer sous d'autres, sauter de racines en racines, traverser des rivières et des mares de boue. C'est fun mais ça n'avance pas! Le clou du spectacle se situe après Rivière Lézarde (km70) avec une pente ultra raide en glaise, sur laquelle les pieds n'ont aucune prise. Je monterai à la force des bras, en me tirant sur les arbres et tout ce que mes mains peuvent agripper. Un truc de fou! Là je me dis que les organisateurs sont joueurs! Je pense que certains vont rester coincés en bas!

A partir du village Colson (km83), je connais puisqu'on a fait la reco il y a 2 jours avec Julien, Sangé et Yann. Il ne reste que 15km, principalement descendants, mais je sais qu'ils vont être longs (2h30 en l'occurrence). Boue, racine, slalom entre les arbres. C'est en quelque sort le bouquet final de la course, tout ce qu'on a eu de plus dur, condensé en quelques km. Et toujours ce brouhaha incessant des petites bébêtes qui m'a suivi toute la nuit. J'en ai presque mal à la tête!

Me voilà dans Schoelcher. Quelques centaines de mètres de bitume et je franchis l'arrivée. 16h25, 1ère femme, 8/117 au scratch (7%). Je suis super contente. Quelle course! Enfin non, quelle aventure!

Le sourire de l'arrivée. Photo: organisation. 

Evidemment en premier lieu, je voudrais remercier l'organisation, notamment Roger, Michel et Laurence. Merci pour l'invitation mais plus encore pour m'avoir fait vivre cette folie. La 2ème moitié de course est tellement hallucinante! Ca dépoussière! J'encourage tous ceux qui commenceraient à tourner en rond avec les trails en Métro ou équivalent à venir sur le Tchimbé. C'est tellement différent, tellement rafraichissant. Enfin pour l'esprit! 

Merci également aux martiniquais pour leur accueil. Vous avez été tous extrêmement chaleureux et bienveillants. Ca fait un bien fou! Je reviendrai, c'est sûr! Bébêche m'attend! :)

Et enfin merci au toupins et aux toupines. De bien belles rencontres!

Prochain épisode sur le trail du Hautacam pour le pélerinage (presque) annuel dans les Pyrénées.

samedi 16 mars 2019

Ecotrail de Paris 2019 - Les jambes en mousse!

Deux semaines après le l'ultra du bout du cirque, c'est déjà le retour des épingles! Au programme 80km 1250+ sur l'écotrail de Paris. Ce ratio km/D+ n'est clairement pas ce qui me convient le mieux -ni me motive le plus - mais pour progresser, il faut travailler ses points faibles! Et puis c'est l'occasion de courir avec le reste du team vibram puisque cette course est le rassemblement annuel du team (après le MIUT l'an dernier... contraste contraste!). C'est aussi l'occasion de courir pour mon club, le Taillefer Trail Team, puisque cette course est une manche du TTN. Bref, je n'aurais pas cru cela possible, mais pour la 2ème année de suite, je suis là.

[Voir le parcours du tracedetrail]

La récup depuis l'ultra du bout du cirque s'est bien passée je pense. J'ai réussi à faire de bonnes sorties et à retrouver de la vitesse. Je sais que je ne vais pas briller sur cette course mais à quelques minutes du départ je suis assez confiante: reposée, sans stress, je risque peut être de puiser dans les dernier 30k mais ça devrait le faire.

Seulement ça, c'était 15' avant le départ. Car dès l'échauffement, je vois bien que ça ne va pas. Je n'ai rien dans les jambes. Aucune force, impossible de pousser. Les jambes en mousse! Je me connais et je sais très bien que les sensations à l'échauffement seront mes sensations de course. Ca ne s'annonce vraiment pas bien cette histoire.

Avec le copains du team, Yulia et Stefano. Photo: Niccola Faccinetto
 Le départ est donné et ce que je pressentais se confirme: je n'ai rien dans les jambes. A partir de là, ce sera un long chemin de croix. Un chemin sur lequel je me ferai doublée doublée doublée pendant au moins 1h. Il m'est impossible de courir en montée et je galère à ne pas marcher sur le plat. Je cogite pendant les 20 premiers km: j'arrête ou j'arrête pas? Evidemment je n'arrête pas car, même si à ce moment ça me traverse l'esprit, je sais que je m'en voudrais bien trop à froid d'avoir renoncé à la première difficulté. Trop fière la meuf!

A Buc, je retrouve Uxue et Nic qui m'assistent. C'est super de les voir. Leurs sourires et leurs encouragements me motivent. Je repars pas plus vite qu'avant mais avec la banane (au sens propre comme au figuré, d'ailleurs!).

A partir du 30ème km, les premiers pop corn sont de sortie. Vous savez ces coureurs qui partent sur un 80km comme si c'était un marathon et explosent comme une bulle. J'en rencontrerai de plus en plus. Chaque pop corn en ligne de mire sera un objectif à doubler. Vous me direz, ce n'est pas dur, ils marchent même sur le plat. Mais si, pour des jambes en mousse, même ça c'est un défi. Et à chaque fois que j'en double un, je crie dans ma tête "pop corn!!". Ca me fait marrer. Faut bien s'occuper!

A Chaville, je retrouve Uxue et Nic pour l'assistance. Uxue me change les flasques, m'épluche ma banane, me demande comment ça va et a des gentils mots pour moi. Quand je repense à la "bataille" qu'on s'était livrée en 2014 sur la diag', je me dis nous avons toutes les deux bien changé!

Avec Uxue au ravito. Photo: Nicola Faccinetto

Peu après, je rencontre un coureur dont j'ai oublié de demander le nom mais avec qui je ferai tout le reste de la course. On papote un peu pour passer le temps mais surtout il connait la course comme sa poche et me briefe à l'avance de ce qui suit. Ca m'aide beaucoup, et puis courir à deux me motive. Merci à toi si tu passes par là! Sur les 10 derniers km qui sont plat plat plat plat plat et ch**** ch**** ch**** ch**** ch****, on a formé un petit groupe de 5-6 coureurs. Plus personne ne parle, pas possible, on sert trop les dents!

Ah enfin, la voilà cette foutue tour Eiffel! Je crois bien que je n'ai jamais été aussi heureuse d'être à Paris! :) Je franchis la ligne puis monte au 1er étage, toujours au pas de course mais c'est juste pour me la péter devant les caméras car cette année le chrono était arrêté en bas. Au final, je finis en 8h13, 11ème femme (outch), 8% scratch. Le chrono n'est pas si catastrophique que ça pour moi qui ne suis clairement pas une bonne coureuse. Mais c'est dommage, les sensations ont été tellement mauvaises que je n'ai pas pu apprécier la nature intacte de la course, les jolies singles, les fleurs sauvages, les oiseaux qui chantent. Ah y en avait pas? Au temps pour moi! :) Ceci dit, à part les 10 derniers km qui ne sont presque que du bitume, le reste de la course se fait presque intégralement en forêt. Pas de doute c'est du trail. Bon, c'est sûr, faut aimer la forêt l'hiver...

Merci au team vibram pour ces 5j de rigolade. On (je) ne performe pas toujours mais on se marre toujours autant! Enfin pour l'an prochain, si on pouvait se marrer au soleil et en terrain accidenté, ça m'arrangerait! Et comme toujours merci à ceux qui me soutiennent même lors des journées mousse: vibram, NaïtUp et Hammer Europe.

Prochain épisode sur le tchimbé raid où on va, c'est sûr, bien se marrer!


samedi 2 mars 2019

Ultra du bout du cirque 2019 - C'est reparti!

4h du mat' au Vigan. Je suis sur la ligne de départ et honnêtement je me demande un peu ce que je fais là. Un 100km pour une reprise, c'est un peu gonflé. D'ailleurs il y a 2 semaines, j'étais à deux doigts de demander à l'orga de basculer sur le 60km. Je trouvais que je n'avais pas assez d'entrainement dans les jambes, comme tous les ans en fait, car je n'arrive jamais à bien m'entrainer l'hiver. Manque de motivation pour des sorties longues, et probablement aussi besoin de faire un break. Mais voilà, entre temps il y a eu une semaine de vacances où j'ai réussi à sortir une semaine à 40h de sport alors je me suis dit "why not". Bref, je suis sur la ligne de départ pour une triple première: première course de 2019, première fois que je reprends la saison sur un ultra, première course en indiv chez les "jeunes vieux". Mais deuxième participation à cette course après 2016. Au programme environ 100km 4300+, avec pour seul objectif de faire une course régulière sans me soucier des autres.

[Voir le parcours sur tracedetrail]

Top départ. Quelques centaines de mètres de bitume à travers la ville et on attaque déjà les premiers sentiers. Toute la première partie de course est nouvelle par rapport à 2016 et franchement je la trouve très sympa. C'est ludique, avec une grosse majorité de singles qui tournicotent, de petites bosses et de gros cailloux (ou le contraire). J'ai le plaisir de voir que les jambes ne sont pas si mal. Cool, j'ai l'air d'avoir bien récupéré en une semaine de mes vacances choc.

Le jour se lève et je suis estomaquée. Le ciel est rouge feu d'un côté, bleu noir de l'autre. Avec les montagnes qui se dessinent en arrière plan, c'est tellement beau que j'en ai la gorge serrée. C'est peut-être le plus beau levé de soleil de ma vie.

Sortie de la nuit dans un décor de carte postale. Photo: Cyril Bussat photosports.com

J'arrive à Aulas où m'attend la meilleure assistance de l'univers, si ce n'est plus: Pierre, Marie, mon frère Adrien, Jenny, mes petit neveux et bien sûr Cyril. Tape dans la main, quelques mètres en courant avec mon frère - ça me rappelle les bons souvenirs de l'UTMB. Il ne manque que la doudoune rouge (private joke)! Alors que je m'affaire à un ravito express, mes petits neveux sont plantés juste devant moi, leurs grands yeux ouverts, sûrement interloqués par toute cette scène. Qu'est ce qu'elle fait tatie? Sophie me dit "tu sais tatie, si tu gagnes pas c'est pas grave". J'ai envie d'exploser de rire. Je repars sous des "allez tatie, allez tatie". J'ai le coeur qui tambourine. C'est pas l'effort, c'est l'amouuuuuur.

Au ravito d'Aulas, "qu'est ce qu'elle fait tatie?" Photo: Adrien Blanchet

Après un montée bien sympa et rondement menées, suivent des crêtes géniales avec une magnifique vue à 360°. Je prends un pied d'enfer! Je suis tellement contente d'être là! Ah c'est bon quand même le trail, surtout sur un tracé si sympa!

Ceci dit, je commence à fatiguer et je n'en suis qu'à la moitié. Les montées et les descentes se passent plutôt bien mais relancer sur le plat devient difficile. Absolument rien d'alarmant, d'ailleurs je pense être tout à fait régulière mais l'ultra est -il faut bien le dire- toujours douloureux au bout d'un moment et dans la tête il faut être prêt à ça. Le moral aussi s'entraine et avec la pause hivernale, il s'est lui aussi un peu ramolli.

La ravito de Calo rouge me fait du bien dans la tête. Cyril y est seul puisque ma dream team se prépare à prendre le départ du trail de l'oignon doux (bravo les copains!) mais même voir Cyril me réjouit. Ca me fait quand même un drôle d'effet l'ultra trail! :D

Le parcours continue à être magnifique puisqu'on rejoint le cirque de Navacelles, qu'on surplombe d'abord avant de plonger la tête la première dedans. Suivent une dizaine de km très roulants où il faut courir 95% du temps. Ce n'est pas mon point fort mais depuis quelques temps j'essaie de me soigner (notamment grâce à Guillaume l'an dernier). Après 60km, les jambes commencent à être dures mais c'est tellement beau, je n'ai pas le droit de me plaindre. "Profite, regarde comme c'est beau. Et accessoirement lève les pieds et avance!", voilà ce qui tourne dans ma tête.

Un grand sourire pour une magnifique vue! Photo: Thierry Jouanin photosports.com

Après la remontée sur Blandas, je n'ai pas bien étudié le profil et je crois à tort qu'il ne reste que qq km avant de redescendre. En fait c'est plus de 10km de plateau, certes joli, mais qui après 75km de course me paraissent ne jamais en finir. Il faut courir, courir, courir. Je ne rêve que d'une chose: une montée pour marcher! Au détour d'une route, j'ai l'énorme surprise de retrouver Cyril et mes petits neveux. "Allez tatie, allez tatie, allez tatie", à dire très vite en faisant des bonds de 50cm de haut (soit l'équivalent de la moitié de la taille d'Oscar). C'était inattendu et ça me fait tellement plaisir de les voir! Ca me redonne du courage. "Allez, plus j'en finis vite, plus je les retrouves vite!"

Et effectivement, j'en suis presqu'au bout. Une dernière bosse après Bez, quelques km de plat pour bien finir mes jambes et tester mon moral, voire mon abnégation, et je retrouve mes deux petits neveux avec qui je franchis la ligne d'arrivée: 12h23, 1ère femme, 18/152 (12%) scratch. J'ai les enfants dans les bras et un grand sourire aux lèvres. Ah quel bonheur l'ultra! Et encore plus quand c'est partagé avec des gnomes de moins d'1m20!

Merci aux bénévoles et aux organisateurs, Gildas et Denis en particulier et à toute la famille Campigna! C'est un sacré beau trail que vous avez là! Merci évidemment à ma dream team de toutes tailles. On remet ça quand vous voulez! Enfin merci aux sponsors qui me soutiennent depuis maintenant des années: vibram, NaïtUp et Hammer Europe. On ne change pas une équipe qui gagne... ou pas d'ailleurs mais qui en tout cas se fait grandement plaisir!

La récup' va être courte puisqu'on ressort déjà les épingles le 16 mars pour l'écotrail de Paris 80km!

mardi 1 janvier 2019

Demandez le programme - 2019

C'est reparti pour un tour!

- 02/03: Ultra du bout du cirque 100km 4300+ → 1ère femme (12% scratch) [récit]
- 16/03: Ecotrail de Paris 80km 1500+ → 11ème femme (8% scratch) [récit]
- 04/05: Tchimbé raid 103km 5500+ → 1ère femme (7% scratch) [récit]
- 19/05 Uriage trail running 42km 2400+ → DNF (perdue à l'arrivée !)
- 26/05 Trail du Hautacam 62km 4200+  → 1ère femme (14% scratch) [récit]
- 08/06: 6666 occitane 120km 7000+  → 2ème femme (8% scratch)
- 06/07 Morvan Oxygen trail 83k 3100+ → 2ème femme (18% scratch)
- 20/07 Ultra tour du Beaufortain 105k 6900+ → 2ème femme (10% scratch)
- 31/08: UTMB 170km 10000+ → 17ème femme (9% scratch) [récit]
- 4/10: 100 miles Sud de France 174km 8200+ → 1ère femme (4% scratch) [récit]

Photo: Thierry Jouanin pour photossports.com