dimanche 27 décembre 2015

L'heure du bilan - saison 2015

A quelques jours des 12 coups de minuit, voici un bref bilan de ma saison. Quelques chiffres déjà: 700km et pas loin de 40000m D+ en un peu plus de 100h de compétition (résultats ici). Soit une moyenne de 7km/h et après on ose encore appeler ça de la course à pied! :) Je ne compte pas les km en entrainement mais voici une répartition en heures entre le 1er février et le 10 octobre:



A part quelques heures de ski de fond en février, toutes ces belles heures ont été passées dans les baskets. Beaucoup prônent les entrainement croisés et on ne peut pas dire que je sois une bonne élève pour ça. C'est d'ailleurs une de mes bonnes résolutions avant l'heure: ajouter quelques sorties vélo en 2016. Il parait que c'est bon pour travailler la puissance et reposer les articulations (même si de ce côté là je n'en ressens pas vraiment le besoin).

Les mois les plus chargés ont donc été le deux mois d'été avec 60h/mois, soit une moyenne de 2h/jour. Ce n'est finalement pas tant que ça: d'autres que je ne nommerai pas passent au moins autant de temps devant D8! :) 45% de ce temps a été passé en compétition en juillet (Pierra Menta & Skyrace), 30% en août (TDS). A suivi un mois de septembre relativement allégé pour récupérer avant de repartir sur les 100 miles sud de France début octobre, fin de ma saison.

Ce qui m'interpelle le plus, c'est l'augmentation du volume par rapport aux années précédentes, pas loin de 30% en plus. Sous le coaching d'Alain,  j'ai fait plus de "week-end chocs", des sorties plus longues, des séances plus intenses et plus nombreuses. Une pincée de perlimpinpin en plus dans tous les domaines. C'est sûrement lié, il y a eu du coup un peu de sable dans les rouages les premiers mois: une infection contractée en mars, une bursite en mai, de grosses ampoules en juillet. Mais c'est finalement peu de choses puisqu'aucun de ces petits bobos ne m'a éloigné plus de 7j des baskets. Et puis en cette fin d'année, je ne me sens pas du tout exténuée ni dans la tête ni dans le corps.

Plus de volume, donc, mais aussi des progrès. Cela vaut ce que cela vaut mais selon la cotation ITRA, j'ai obtenu mes 4 meilleurs résultats cette saison. Ma meilleur perf est sur la TDS 2015 qui était mon objectif principal. Alain a donc réussi à me mener à mon pic de forme sur mon principal objectif et ça, c'est une sacré satisfaction. Je sens que j'ai gagné en puissance (merci les 30x30 au Murier), un peu en vitesse (euh... ai-je vraiment le droit d'utiliser ce terme?) mais  surtout je me sens plus "costaud" sur la durée. Sur la TDS par exemple, je n'ai jamais subi, je me suis sentie à l'aise du début à la fin de la course et c'est une belle sensation!

Mon talon d'achille reste clairement mon incapacité à monter dans les tours. Mon coeur est un gros chat qui ronronne et je suis incapable de prendre un départ rythmé. Sur la TDS par exemple, j'ai perdu dès le départ beaucoup de temps et cela m'exclue de la bagarre pour les 1ères places. J'aimerais progresser là dessus en 2016 mais cela fait plusieurs années que je dis cela sans voir de réels progrès... Je vais finir par me faire une raison: je suis une mamie!

Enfin, ce n'est pas une surprise mais chaque année cela se confirme un peu plus: ce que je préfère c'est définitivement les ultras. C'est à partir de 100km que je commence à prendre vraiment du plaisir. J'aime la dimension "gestion de course", j'aime faire des grandes traversées, j'aime en ch*** longtemps! Autre confirmation: ça me motive de savoir qu'il y aura du niveau sur une course. Je préfère largement finir 3ème d'une TDS relevée que 1ère d'une course peu relevée même si la victoire fait toujours plaisir et est nécessaire pour le moral. La saison prochaine j'aimerais caser un peu plus d'ultras relevés dans mon calendrier. Le planning est en train d'être peaufiné, affaire à suivre!

En attentant bonne fête de fin d'année à tous et à l'année prochaine pour de nouvelles belles aventures sur les sentiers!


Sur la Pierra Manta 2015 (Mélanie est loin devant :)) Photo: photosports.com





vendredi 9 octobre 2015

100 miles family

Je me décide sur le tard à participer à cet ultime ultra de la saison, les 100 miles Sud de France (comme on dit en bon français),  C'est vers mi-aout alors que je rentre d'un week-end choc à Font Romeu, que je me dis que décidément c'est pas mal les Pyrénées. C'est sauvage et rude... c'est moi ! Et puis il faut bien que je me trouve une occupation après la TDS, qu'est ce que je vais faire de mes week-ends sinon ? Y a-t-il une vie après le trail ? :)

Les six semaines post-TDS se passent bien. J'ai retrouvé la pêche et la banane : ils annoncent du beau temps, l'envie est là et c'est bien le principal. La veille, évidemment, le doute resurgit mais j'ai l'habitude de ne pas écouter le petit diable de mon esprit (qui prend parfois l'aspect de ma mère mais c'est une autre histoire). Ce qui m'attend le lendemain c'est une belle traversée de la montagne à la mer, 166km pour 8000m+ et 9700m-.




Nous sommes moins de 200 sur la ligne de départ. C'est sûr que ça change de la douce folie chamoniarde mais je suis un fille de contrastes. L'ambiance s'annonce bon-enfant et l'organisation familiale. Idéal pour finir une saison. Non décidément je sens qu'il va me plaire ce trail.

Le départ est donné derrière une ribambelle de jeunes de Font Romeu. Les plus aguerris nous accompagneront jusque Planès, c'est sympa. A Mont Louis, premières émotions de cette journée avec le passage à l'intérieur de la forteresse, au milieu des militaires.

Traversée de la forteresse de Mont Louis. Photo: organisation

C'est à partir de Planès, km12 que les choses sérieuses commencent : succession de montées raides et descentes non moins raides, singles de montagne techniques et caillouteux. Comme à la maison quoi. Tout se passe bien et j'arrive presque sans m'en rendre compte à la première base de vie, Vernet-les-bains, km53.

Je n'ai pas d'assistance avant le km90 et je sais que cette base est importante : il y a tout un tas de choses que je dois faire et je stresse à l'idée d'en oublier: prendre le matos pour la nuit, vérifier les bandages aux doigts de pieds (et en l'occurrence les refaire), laisser quelques vêtements, manger, refaire le pleins de barres, boisson etc. Bref, rien d'exceptionnel et encore moins de vital mais j'ai pris la mauvaise habitude d'être assistée sur mes courses et me voilà perdue comme une gosse sans son doudou. Papaouté??? Je suis concentrée comme paic citron pour ne rien oublier. Des bénévoles viennent me parler et je leur répond à peine. Viendez pas dans ma bulle j'ai des choses à faire ! :)

Photo: Jenny Blanchet


Je repars de la base sans avoir rien oublié, et sûrement même beaucoup trop pris. Mon sac pèse une tonne (au moins). La montée qui suit est la plus longue : 1500m+ jusqu'au refuge des Cortalets (km64) au pied du Canigou, un coin que je connais déjà. Je rattrape rapidement la queue de course de la Grande Traversée, partie 30' plus tôt. Je doublerai de nombreux coureurs (marcheurs ? :)) sur toutes les prochaines heures. Le positif c'est que ça me motive pour me bouger le popotin, le négatif c'est que c'est fatiguant de doubler ainsi. La nuit tombe et les température avec, on n'est pas loin du zéro. Je suis finalement contente d'avoir dans mon sac de quoi passer la nuit au chaud: gants, bonnets, veste, je mets tout, je suis un bibendum mais je suis bien.

Je m'attarde à peine au refuge pour ne pas me refroidir, un peu plus à Batère (km79) au ravito suivant. Je SMS mon grand frère pour lui dire que je repars. Il m'attend à Arles et il me tarde de le rejoindre. Un peu trop peut-être : dans la précipitation, mon pied se prend entre deux cailloux, vol plané, atterrissage sur la hanche, roulez jeunesse. Je reste à terre, sonnée quelques instants. Mais c'est pas un vulgaire bout de cailloux qui va m'arrêter, alors je repars comme je peux, en marchant d'abord, puis en clopinant ensuite. C'est la hanche qui est douloureuse avec une plaie assez profonde.

A Arles (km90), je montre la plaie à mon frère qui m'oblige à aller me faire soigner. Une gentille médecin s'occupe de moi en même temps que je me ravitaille. Je pioche allègrement dans la montagne de patates douces préparées par mon frère; je lui avais demandé 500g, il a du comprendre 5kg... Je ne risque pas de maigrir sur cette course! Je repars d'Arles après une 10aine de minutes d'arrêt, repue et presque neuve. La hanche ne me gênera presque plus jusque l'arrivée (merci mesdames les endorphines). Peu après, surprise, je reçois un SMS de Cyril qui m'annonce à 3' de la tête de course… masculine! Alors là c'est une première! Advienne que pourra, je me dis autant jouer le tout pour le tout et je repars motivée pour les rattraper. Je rejoins mes hommes peu après et plutôt décide d'attaquer. Même pas peur! Seulement Pascal ne l'entend pas cette oreille là: il reste derrière moi dans la montée, puis me double à la faveur d'un plat. Et c'est là que je réalise que je suis en train de jouer à un jeu dangereux : Pascal est bien plus frais que moi. Soit je tente de le suivre et explose dans 10km, soit je temporise et relie l'arrivée. Il va sans dire que je choisis la 2ème solution !

Photo: Jenny Blanchet


Il est vrai aussi que je commence à avoir mal aux jambes, des sortes de grosses courbatures. Pourtant physiquement je ne me sens pas mal. Je suis étonnée, c'est la première fois que ça me fait ça. Pour couronner le tout, je commence à avoir envie de vomir. Pas de panique, il y a toujours un moment où ça me fait ça et je sais ce qu'il faut faire : pastilles vichy jusqu'à ce que ça passe, en général une grosse heure. Effectivement je retrouve l'envie de manger peu avant le ravito de las Ilias (km117). Et là, sketch : entrée dans le refuge, je ne vois pas mon frère. En fait si, il est là mais à une 100aine de mètres, sur le parking en train de roupiller !! Pas de réseau et donc impossible de l'appeler. OK pas grave, je mange quelques trucs qui me font envie (la diététique d'abord : brioche et cake aux fruits) et repars, non sans insister bien 4-5 fois « vous direz bien à mon frère que je suis déjà partie ». Ce serait dommage qu'il m'attende ici pendant que je suis au Perthus !

Peu avant la base du Perthus (km130), 2ème clin d'oeil de la journée avec le passage dans la forteresse, bien sympa. Je retrouve mon frère à la base, cette fois il n'a pas osé dormir ! Je lui laisse un ribambelle d'affaires chaudes dont je n'aurai plus besoin et repars pour la dernière grosse bosse. Cette dernière partie est moins sympa, moins sauvage avec en grande partie de larges pistes dans la forêt (de belles couleurs automnales parfois quand même). Les 10km entre le col de l'ouilla (km140) et le col des 3 hêtres (km150) me semblent interminables. C'est presque plat et je sais qu'il faudrait que je cours mais je n'ai ni les jambes ni l'envie. C'est long un 100 miles quand même, j'avais presque oublié.

On m'avait prévenu que la descente vers la Vall était d'anthologie et on ne m'avait pas menti : c'est très raide avec de gros rochers à sauter, parfois même des mains courantes. C'est fatiguant voire éreintant mais c'est ce que j'aime et bizarrement ça me redonne du peps. Surtout qu'à la Vall (km154) m'attend la team Blanchet au complet, avec en tête mon petit neveu toujours de bonne humeur (!) et ma petite nièce si sage (!!). Je les retrouve une deuxième fois à Valmy (km160) avant la dernière ligne droite. Je m'étonne moi-même de courir presque facilement les cinq derniers km de plat alors que je n'y arrivais pas quelques heures plus tôt. La vue d'une arrivée prochaine probablement. Comme quoi l'ultra c'est presque plus dans la tête que dans les jambes.

Je franchis la ligne en 27h15, 1ère femme, 2/108 au scratch (2%).

Photo: Jenny Blanchet


C'était mon dernier ultra de la saison et je suis bien contente d'avoir fini sur une course si sympathique. Un grand merci à l'organisation: ces aventures, on vous les doit! Toute ma gratitude aux bénévoles: je me suis sentie comme à la maison, ça fait longtemps que je n'avais pas connu ça en course. Enfin un énorme merci à la team Blanchet, mon frère en tête, pour l'assistance et les encouragements qui m'ont donné des ailes. Et surtout merci à mon frangin pour le ravito de las Ilias, vraiment, fallait pas !! :)

mardi 1 septembre 2015

Ma TDS à la loupe

Voici une petite analyse de mes temps de passage sur la TDS comparés à ceux des deux filles devant moi, Andrea Huser et Cristina Bes Ginesta. Ci-dessous, le retard accumulé au fil du parcours.



Déjà un commentaire s'impose: le retard à l'arrivée est énorme (respectivement 1h18 et 48'). Je ne joue clairement pas dans la même cour! Pourtant c'est surtout sur les 9 premières heures, jusqu'au Passeur de Pralognan qu'elles m'ont mis une mine (51' et 37' de retard). Sur les 4h suivantes, jusqu'au col du Joly, je n'ai presque rien perdu. Cette partie est aussi la plus technique et où je me suis le plus amusée (voir mon récit) et donc clairement le type de parcours qui me convient le mieux. Je suis une mangeuse de cailloux! Ensuite, alors qu'on rejoint des sentiers plus roulants, j'ai reperdu du temps sur Andrea mais dans une moindre mesure (20' en 5h) alors que Cristina ne me reprend presque rien (4'). Sur la dernière 1h30, entre Bellevue et l'arrivée, je ne perd presque rien sur aucune des deux. Ca corrobore mes impressions puisque j'ai eu la sensation de très bien finir.

La conclusion de tout ça c'est que quand c'est technique ça me va mieux (à l'ouest rien de nouveau) et que j'ai très bien tenu la distance. 120km était peut-être trop court!! Je crois qu'il va falloir un jour envisager le TOR!!! ;)

mercredi 26 août 2015

La TDS: après la pluie, le beau temps

Retour sur la TDS, tout juste 3 ans après ma participation à une édition apocalyptique où il avait plu ou au mieux neigé durant toute la course. Près de 20h à me geler les tétons... croyez-moi ça forge le caractère!  Au programme du jour 119km pour 7200m+ entre Courmayeur et Chamonix. Une grande balade (de malades).



Lorsque j'arrive à Cham' deux jours avant, je me dis que je suis en forme, Alain m'a bien préparé donc physiquement je suis assez sereine. Mais ce qui me fait plus peur c'est l'ampoule au talon contractée lors de l'ultra sky-race, ma dernière course, 5 semaines plus tôt et qui est encore visible même si je n'ai plus mal. J'espère que ça va passer car ça me ferait quand même bien mal au c** de devoir bâcher pour une histoire de peau! Bref je ne suis pas complètement sereine mais qui l'est vraiment à l'approche d'une grosse échéance?

Le départ est donné à 6h du mat' sous un beau ciel étoilé et une belle lune ronde. Ca s'annonce bien cette histoire! Il fait petit jour et je n'ai même pas besoin d'allumer la lampe. 3km de goudron presque plat pour se mettre en jambes, puis on attaque la première montée sur une piste. Puisque je ne sais pas faire autrement, je pars tranquillement. Après 1h de piste jusque Maison Vieille, je suis contente de voir enfin le premier single. On continue l'ascension jusqu'à l'arête du Mont Favre (1h40 de course), descente jusqu'au lac Combal (2h04) puis remontée jusqu'au col Chavanne (2h54). Les paysages sont grandioses. Pas d'ampoule à l'horizon, les jambes sont bien, la vie est belle!

Dans la descente qui suit on rattrape rapidement une large piste qu'on ne quittera plus jusque l'Alpetta. C'est une descente en pente douce, sans grand intérêt et que je trouve bien monotone. J'ai des fourmis dans les baskets, une furieuse envie de singles et de cailloux. C'est grave docteur? On retrouve un sentier plus sympa pour la montée vers le col du petit St Bernard (4h40). Au col je m'octroie facilement 1 seconde 30 pour admirer la vue avec le lac Verney en contrebas d'un bleu magnifique. Bon c'est pas tout mais il me reste 80km à (par)courir...

La bagatelle de 1300m D- jusque Bourg Saint Maurice (5h58) qui est le premier point où l'on peut recevoir de l'assistance. Je retrouve Cyril comme toujours fidèle au poste. Nokage des pieds pour assurer plus que par nécessité, changement de chaussettes, remplissage des flasks et des poches et c'est reparti (10' d'arrêt quand même).

Sortie du ravito (photo: Cyril Pérot)

En sortant de la tente, une souffle d'air chaud me surprend. La vache, ça tabasse! Il est midi et pas un nuage à l'horizon. Je me dis qu'il va falloir faire attention à la bibine car nous attendent plus de 3h sans un pet d'ombre jusqu'au prochain ravito. La montée jusqu'au fort de la Platte (7h42) pourrait être sympa en temps normal mais c'est pas loin d'être un calvaire avec cette chaleur. Surtout que mon frère qui n'a pas lâché le livetrail depuis le départ (refresh refresh refresh), m'annonce par SMS que la fille derrière est repartie 4' derrière moi du ravito. Je fais donc de mon mieux pour avancer sous ce soleil de plomb. Bon finalement c'était pas si mal la pluie! Quels râleurs ces traileurs!

J'atteins le Passeur de Pralognan (9h03) qui est le plus haut point du parcours et pas loin d'être le plus joli aussi. Je me souviens qu'il y a 3 ans ici c'était le déluge et que je ne cessais de me demander "putain mais qu'est ce que tu fous ici!!!!". Cette année je savoure, qu'est ce que c'est beau! La descente qui suit est au début caillouteuse et périlleuse, avec quelques passages de cordes, avant de rejoindre une piste jusqu'au Cormet de Roselend (9h35).  

Dans la descente vers le Cormet de Roselend (photo: Cyril Pérot)

Jusqu'ici je suis mitigée sur le parcours. Les paysages sont un vrai plaisir des yeux, aucun doute là dessus. Mais côté parcours c'est couci-couça: des parties très sympas sur des singles mais entrecoupées de pistes qui me plaisent moins. Les 20km qui suivent seront mes préférés. Une piste puis un sentier nous mènent jusqu'au col de Sauce, suivi d'une descente sauvage jusque la Gitte (10h53), puis une remontée non moins sauvage jusqu'au col Est de la Gitte. Encore quelques petites bosses sympas et je rejoins le ravito du col du Joly (12h47). Ces 20 derniers km m'ont enchantée avec un parcours sauvage comme je les aime. C'est sûrement lié mais, alors qu'on a déjà crapahuté plus de 100km, je m'étonne de mon état physique: plus les km défilent, plus je suis en forme! Chaud devant, j'arrive!

La descente jusqu'aux Contamines (13h51) se fait sans problème, je suis toujours aussi bien dans mes baskets. Je retrouve Cyril pour le 2ème point d'assistance. En bon compétiteur il me dit "tu peux prendre ton temps, ne t'inquiète pas, les filles derrière sont loin et celle devant à 45' ". Mais ça fait longtemps que j'ai compris que cette 3ème place féminine, sauf accident, ne devrait pas m'échapper. Mais tu sais quoi Cyril, je m'en fous! Moi ce que je veux c'est donner mon max, jouer le chrono, me dire que je n'aurais pas pu faire mieux! Et donc action: arrêt express au ravito et c'est reparti, frontale sur la tête et musique dans les oreilles (mon habitude pour les parties de nuit).

La montée jusqu'aux chalets du Truc se passe merveilleusement bien. J'ai le droit à un coucher de soleil magnifique, ciel orangé sur les montagnes vertes. Plaisir des yeux et des oreilles avec les valses de Strauss dans les tympans. Aux chalets de Miage il fait presque nuit mais la luminosité est suffisante pour admirer les pâturages et le glacier. Décidément, ce coin est un vrai paradis! J'aborde la montée vers le col du Tricot sur-motivée mais avec une certaine appréhension: c'est précisément là, sur ces 550m de D+, que j'avais craqué il y a 3 ans sur la TDS. Après 17h sous la pluie à lutter contre le froid, sous-alimentée et grelotante, cette montée m'avait littéralement achevée. Cette année il n'y a pas de doute, je l'aborde dans un bien meilleur état physique et moral. C'est raide mais j'en viens à bout finalement assez facilement (15h43).

Courte descente, dernier coup de cul jusque Bellevue avant d'aborder la dernière descente jusqu'aux Houches. Je m'arrête à peine au ravito, juste le temps de remplir une flask.

A la sortie du ravito des Houches (photo: Cyril Pérot)

C'est parti pour les derniers 9km, sans difficulté aucune. Je me surprends à bien courir même dans les bosses. Ohlala mais qu'est ce qu'il m'arrive? Voilà Chamonix puis la ligne d'arrivée, franchie après 17h52 de course en 3ème place féminine, 22ème/1214 au scratch (2%). (vidéo Christophe Angot)




Je suis presque étonnée de mon état de fraicheur à l'arrivée. J'aurais pu faire encore pas mal de km comme ça. Il faut croire que c'était finalement trop court! Ou bien que je ne suis pas partie assez vite, comme me le dira Alain plus tard... Peu importe, je suis très heureuse de cette course bien gérée. Dans mes rêves j'osais espérer 18h30, je mets 17h52. Rien à dire à part sourire.

Pour finir, tous mes remerciements:
- à l'organisation et aux bénévoles qui franchement ont fait un super boulot. Certes, l'événement UTMB c'est un peu le disneyland du trail, on aime ou on aime pas, mais côté orga, je n'ai pas grand chose à redire. Le balisage était juste parfait, je n'ai pas hésité une fois en 120km.
- à Alain pour avoir réussi à m'emmener à la TDS dans une forme que je n'avais jamais connu auparavant. Ah ça, j'en ai bouffé des week-ends chocs mais ça valait le coup!
- à Cyril, mon manager en carton, pour l'assistance et les initiatives pas toujours heureuses. Merci pour l'Hépar, les buissons s'en souviennent encore.
- à mon frère qui a fait chauffer l'ordi pendant 18h et m'a brieffé sur chaque écart (pas moins de 8 SMS au 1er pointage!). Merci aussi à ma belle soeur Jenny de supporter ça. Désolée mais en épousant mon frère tu as signé pour tout le package Blanchet... et je ne suis peut-être pas la pire! :)
- à tous ceux qui m'ont soutenue et encouragée, en direct et à distance. Vous étiez nombreux devant le livetrail et ça fait chaud au coeur!

Prochaine échéance pour finir la saison en rigolant un peu: les 100 Miles Sud de France!

samedi 15 août 2015

Ultra nutrition

Je me suis amusée à faire le compte de ce que j'ai bu et mangé sur mon dernier ultra, en l'occurrence l'ultra sky race. Ca fait un peu peur (j'ai vraiment mangé tout ça???) mais c'est un exercice instructif. Pour ce qui est des produits Isostar, voici un rendu graphique:

Produits Isostar, miam!

A cela s'ajoutent:
- 1 petit sandwich au carré frais, au km 36
- quelques bouts de pomme de terre et patate douce, au km 62 
- 3 gommes Gü, au km 80 
- 1L d'eau pure tout au long de la course (ravito sauvage dans les rivières!)
- 12 comprimés de sporténine, environ 2 toutes les 2h 

Le total fait un peu peur: 3400 kcal!! Mais il faut dire aussi que c'était long (14h45, soit 230 kcal/h). Cela ne m'a pas empêché d'avoir une faim de loup à l'arrivée (vive les pizzas italiennes) et de me lever deux fois durant la nuit pour manger (comme après chaque ultra)!

Il n'y a malheureusement pas de solution universelle pour la nutrition sur ultra. C'est un point délicat et c'est à chacun de trouver ce qui lui va bien. On apprend d'ailleurs beaucoup au fil du temps. Sur mon premier 100km, je n'ai presque rien réussi à avaler. J'en ai fait du chemin depuis lors (dans tous les sens du terme)! Quelques éléments pour ma pomme:
- j'essaie de varier le plus possible ce que je mange. Je prends rarement plus de deux fois le même produit sur une course. Ca me permet d'éviter l'écoeurement en variant les goûts et les textures.
- au contraire je suis une grande fan de la boisson cranberry isostar et si j'ai l'occasion d'avoir beaucoup d'assistance, je ne bois en fait que ça! Ce fut le cas sur les 34h de la diag'.
- en général le solide passe bien en début de course (barres), puis au fil de la course je passe de plus en plus au mou/liquide (compotes puis gels). C'est aussi pour ça que j'ai tendance à plus concentrer ma boisson en fin de course qu'en début (quoique je sous-dose les quantités prescrites par les marques de 20 à 30%!)
- j'aime bien couper régulièrement (environ toutes les 5h) le sucré avec quelque chose de salé que je pourrais manger dans une vie normale: petit sandwich, pomme de terre et patate douce, parfois même crêpe de sarrazin jambon-fromage (y a pas de mal à se faire plaisir :))! J'essaie notamment de manger quelque chose de salé aux horaires habituels de repas (12-13h, 19-20h)
- à chaque point d'assistance, j'aime bien prendre une boisson "reload", environ 200mL (en l'occurrence aux km36, 62, 77). Si je n'ai pas d'assistance pendant longtemps, j'emporte avec moi un petite flask de 150mL que je bois à un ravito. C'est d'ailleurs ce qui sur ma course m'a apporté le plus d'énergie: 550 kcal pour 750mL de boisson.
- je n'en ai pas pris cette fois, mais si à un moment j'ai une petite envie de vomir, je prends quelques pastilles de vichy menthe. C'est aussi un bon moyen de se réveiller, j'en ai pris beaucoup sur la 2ème nuit de la diag'.

Mais s'il n'y avait qu'une seule chose à retenir, ce serait qu'il faut se faire plaisir même en mangeant sur une course. Tous ces produits que j'ai pris, je les apprécie. Alors si à un moment de la course un carré de chocolat ou un morceau de sauc' vous dit, allez y, c'est permis! :)
  

samedi 18 juillet 2015

L'ultra talon race

Deux semaines après mon remorquage sur la Pierra Menta, je raccroche le dossard pour l'ultra sky race, 95km pour 6000m+. Aujourd'hui remorquage interdit mais entre temps j'ai (re-re-re)commencé un traitement de fer et rattrapé pas mal de sommeil. Avec un peu de chance, je vais réussir à tourner moi-même les gambettes. Au pire ce sera une belle balade!


Réveil samedi à 2h30 du mat' pour un départ à 4h: les joies inénarrables du trail! Nous sommes un peu moins de 300 au départ et comme toujours, je trouve que ça part un peu vite. Peu importe, je pars à mon rythme, je sais que ça va être long cette histoire. En amuse bouche le premier 3000m du jour, le Chaberton, avec une ascension dans un mélange de rocailles et neige glacée (il a grêlé la veille). Au sommet, nous sommes trois féminines à quelques minutes l'une de l'autre avec Delphine Roux devant moi et Aline Grimaud juste derrière. J'ai la bonne idée de lever les yeux de mes chaussures et c'est magnifique: le jour se lève sur une myriade de sommets baignés dans une couleur bleu-orangée. Ouah! La descente qui suit est raide et glissante (pente+glace+cailloux=attention traileur). Je me lâche en essayant de ne pas trop réfléchir aux conséquences d'une éventuelle chute. Et par un pur hasard, je ne chute pas, ce qui est assez rare pour être mentionné! Nouvelle bosse jusqu'au col des Désertes. Je double Delphine peu après, elle semble moins à l'aise en descente. On fait une courte incursion italienne par un chemin en balcon qui ressemble en fait plus à un enchevêtrement de cailloux qu'à un sentier. On avale peu de dénivelé mais courir est impossible (du moins pour moi). Pas grave, je marche et profite de la vue magnifique. Bon c'est sûr, faut aimer le minéral! Il n'y a pas beaucoup de vert à l'horizon!

Cyril m'attend peu avant le col de l'Echelle pour me faire l'assistance. En réalité il devait m'attendre 1km plus tôt (l'assistance est autorisée sur toute la portion de route) mais après avoir pesté contre un camping car qui n'avançait pas en montée, s'être perdu, avoir doublé comme un fou et roulé à 80km/h sur un route limitée à 50, il vient tout juste d'arriver. Une bonne suée froide pour lui comme pour moi. Comme quoi l'assistance aussi c'est du sport! On poursuit par le vallon des Thures où j'avance plutôt bien. Le sentier longe une rivière et ça tombe bien, je suis assoiffée. J'ai déjà fini mes bidons et je m'arrête plusieurs fois pour les remplir dans la rivière. Je ne m'en rends pas compte à ce moment mais il fait chaud et je transpire plus que d'habitude. La triste conséquence s'en fera sentir peu après: dans la descente vers la vallée étroite, je commence à sentir la peau qui colle sous la talon. Je sais ce que c'est et c'est n'est pas bon du tout! Un arrêt au bord du chemin me le confirme: une énorme ampoule est en train de se former sous mon talon droit. Pour l'instant il n'y a que le rond blanc, un beau rond qui prend toute la largeur du talon mais il reste plus de 50km et je sais que cela ne va pas s'arrêter là!

Jusqu'ici tout va bien. Photo: organisation


Au ravito des granges de la vallée étroite, je demande des soins à la sécurité civile. Après maintes réflexions ("mais comment s'ouvre cette trousse? c'est quoi dans ce flacon?" ...) on me verse du désinfectant sur le talon et c'est tout! Oui du désinfectant sur une peau saine puisque l'ampoule n'est pas encore percée! Et bien 5min pour ça! Il n'y avait peut-être rien à faire, je ne sais pas, mais je repars passablement blasée d'avoir perdu des minutes pour rien, et encore plus inquiète de la suite. Pour ne rien arranger, ce qui m'attend est une des grosses difficultés du jour: la montée au thabor. Le début de l'ascension se fait sur une piste large, pas spécialement sympa et empruntée par de nombreux groupes de marcheurs. Alors qu'on avait été seuls au monde jusque là, je double bien une trentaine de personnes en qq km. Je croise même plusieurs 4x4 et quads dans un nuage de poussière et de gaz d'échappement. Vive le bon air de la nature! Heureusement, tout ce remue-ménage s'arrête à la maison des chamois alors qu'on bifurque à gauche sur un single. Tout d'un coup je me sens mieux, je respire mieux! Dans la longue montée l'ampoule sous le talon se fait de plus en plus sentir mais je garde un bon pas, à vrai dire je ne pense pas que ça me ralentisse. La fin de l'ascension est très rocailleuse (pour changer). Je m'efforce à chaque pas de mettre mon talon bien à plat pour limiter la douleur (le pire est le dévers). Je suis bien plus à l'affut de ma foulée que de la vue, pourtant au sommet je laisse échapper un poétique "putain c'est beau": il y a  des falaises et du rocher à perte de vue, c'est sauvage à souhait.

Je sais que ce qui suit va être très délicat: 25km de descente dans laquelle il va falloir absolument gérer le talon. En fait les premiers km dans un pierrier sont fatals à mon ampoule chérie: bye-bye la peau du talon, l'ampoule éclate. Mieux que la perte des eaux d'une femme enceinte! J'arrive au chalet Laval en ayant vraiment mal. Finir les 35km comme ça me semble même impossible. Cyril m'attend au ravito. J'enlève les chaussures pour constater ce que je savais déjà: le talon est à vif. L'épaisseur de peau qui est partie est impressionnante: qui veut un steak pour la barbecue? Cyril part demander de l'aide à l'assistance civile. Je n'y crois pas du tout vue mon expérience passée et pourtant je tombe sur une fée: d'une efficacité redoutable, en qq minutes elle me pose compresses et bandages sur toute la plante du pied. Je repars en ayant toujours mal mais c'est bien plus supportable. Suivent 15km de faux plat descendant où théoriquement je devrais pouvoir courir tout le temps. Mon talon m'en empêche mais je fais de mon mieux ("allez Juliette tu cours, tu comptes jusque 30 et tu peux marcher quelques pas"). Je me fais doubler par 5-6 coureurs qui doivent aller deux fois plus vite que moi. Ces 15km me semblent interminables à cause du talon mais aussi parce que, même si la vallée de Névache est jolie, je préfère habituellement les sentiers en hauteur, loin de la route. J'atteins cahin-caha Plampinet, dernier ravito où Cyril m'attend. Je bois juste quelques gorgées et repars. Je préfère ne pas avoir le temps de cogiter sur le talon.

Aïe j'ai mal. Photo: organisation


Dernière ascension vers la tête de Fournéous. Le début n'est pas exceptionnel: on remonte une piste aux lacets qui n'en finissent pas jusqu'aux chalets des Acles où l'on était déjà passé ce matin. Mais la suite à travers le ravin de l'Opon est vraiment très belle. C'est très sauvage et on se croirait presque seuls au monde. Je marche/cours avec Vincent Chabanne puis Manu Denis. J'ai de plus en plus mal. A la marche en montée cela ne me ralentit pas vraiment mais les relances sont de plus en plus difficiles. Alors qu'on s'approche d'un col, Manu me demande pleins d'espoir "tu crois que c'est ça la tête de Fournéous?" mais le bénévole qui s'y trouve a vite fait de doucher nos espoirs "ah non, ça c'est le col de Dormillouse, ensuite il faut descendre, remonter au col de la Lauze puis suivre toutes les crêtes jusqu'à la tête de Fournéous." J'entends Manu soupirer "oh putain et ben on n'est pas couchés!". Effectivement, cette dernière partie trèèès longue, bien que très belle. En plus l'orage gronde sur le massif juste à côté et c'est quand même flippant d'en être si exposés sur les crêtes. Je suis vraiment soulagée, autant pour l'orage que pour le talon, lorsqu'enfin j'atteins la tête de Fournéous. Tellement contente d'entendre le bénévole me dire "bravo, maintenant il suffit de descendre" que je le prend dans mes bras et lui fais la bise! La descente en fait sera longue et douloureuse. C'est un soulagement lorsqu'enfin j'arrive à Montgenèvre et franchis la ligne, 1ère femme, 10/131 scratch (8%).

Soulagement à l'arrivée! Photo: Rachel Bontaz
 

Merci aux organisateurs de nous avoir fait vivre ça, ce fut une très belle course, très exigeante, sauvage. J'ai pris beaucoup de plaisir même si la douleur au talon m'a gâchée la 2ème partie de course. Un énorme merci à la fée du refuge Laval sans qui je n'aurais clairement jamais pu finir la course. Et comme toujours un grand merci aux nombreux bénévoles sans qui tout cela ne pourrait avoir lieu.

dimanche 5 juillet 2015

Les pierres de la Pierr'

Lorsque j'entends parler pour la première fois de la Pierra Menta d'été, un simple coup d'oeil au parcours suffit à me convaincre: sauvage et engagé, il a tout pour me plaire ce trail! Et puis le concept est original puisque la course s'effectue sur trois jours et en duo: à la différence d'un relais, les deux équipiers (ou équipières en l'occurrence) doivent rester ensemble sur tout le parcours. Mon équipière est Mélanie Rousset avec qui j'ai sympathisé sur différents trails, dont récemment la diag et la maxi-race.

Etape 1: 



28km, pas de quoi m'impressionner outre mesure normalement, mais le D+ de 2550m est important pour cette distance. Une chose est sûre: nous n'aurons pas beaucoup de plat (ce qui n'est pas pour me déplaire). Nous sommes un peu moins de 200 équipes sur la ligne de départ de cette première étape. Le parcours commence en douceur par 2km roulant avant la 1ère ascension avec plus de 1000m+ jusque Roche Plane. Je comprends rapidement que je suis loin d'être au mieux de ma forme. J'ai l'impression d'avoir une barre de fer dans chaque cuisse et des parpaings à la place des pieds. Je souffle comme un boeuf, sue à grosses gouttes (certes il fait déjà chaud), tout ça pour avancer moins vite que lors d'un off. Je donne tout ce que je peux mais aujourd'hui je ne peux pas beaucoup! Mélanie m'encourage, me dit de boire, me propose à manger. Je me connais et je sens malheureusement que ce n'est pas un gel qui va me refaire une santé. La fatigue est plus profonde que ça. Dans les montées la différence entre nous est impressionnante: alors que je suis à la limite du rouge, Mélanie sautille comme un cabri, facile comme Emile. A un moment bucolique, je me dis même que pour s'occuper, elle devrait peut-être nous cueillir des fleurs!



Roche Plane puis le Mirantin, Grande journée: le parcours est magnifique et j'essaie d'en profiter quand même un peu. Certes, il faut aimer la caillasse et courir avec les mains!



Il y a une bonne ambiance avec à chaque sommet beaucoup de spectateurs pour nous encourager. Mélanie est une locale depuis quelques mois et nous montons au rythme (lent) des "allez Mélanie". Pointe de la Grande combe, dernier sommet du jour, puis descente finale sur Arêches. Nous finissons 5h08, 3ème équipe femme (à plus de 20' des 2ème...), 22/147 (15%) au scratch de cette 1ère étape. J'ai tout donné pour un résultat pas terrible. Bon, il va falloir récupérer pour la suite si je veux tenir. Heureusement que Mélanie me dégote un petit coin idyllique (une sorte de terrain vague) pour une sieste express qui s'apparente presque à un coma.

Etape 2: 



Une étape plus courte que la veille, 24km, mais qui s'annonce encore plus technique avec plusieurs passages de crêtes où longes et baudriers sont obligatoires. Au vu de ma prestation de la veille, on a décidé d'emporter l'élastique (en l'occurrence une suspente de parapente, merci p'tit lu) pour équilibrer les forces et fatiguer un peu Mélanie. Mélanie me dit "on le sortira que s'il y en a besoin, d'ailleurs si ça se trouve c'est toi qui va devoir me tirer", ça me fait sourire. D'ailleurs il ne nous faut pas longtemps pour nous apercevoir qu'il va nous être utile: 10' à peine après le départ, alors qu'on est encore sur une partie bitumée en pente douce, on accroche la trottinette à l'avion. Ca me donne un rythme régulier sur les parties roulantes et ça allège mon pas (lourd) sur les pentes plus raides.

Au départ de l'arête du Mont Rogneux commence un original trail ferrata: on se décroche l'une de l'autre pour se vacher à la longe posée pour l'occasion par l'orga. A partir de là ce sera plus d'1h de crêtes magnifiques où courir est impossible et doubler difficile mais où je ne cesse de me dire "putain c'est énorme ce qu'ils nous font faire", le tout avec un grand sourire (certes fatigué)!



La descente qui suit l'antécime du Grand Mont est d'anthologie. Il nous faut traverser plusieurs névés sur lesquels, vu la pente, rester debout est impossible et la glissade inévitable. Il faut bien gérer sa trajectoire pour éviter les rochers, se servant de ses pieds et mains comme gouvernail. Je m'en sors avec quelques brulures mais sans blessure, pas mécontente de voir la fin du dernier névé!

Dernière difficulté avec l'ascension du Grand Mont. On a remis l'élastique et ça tire devant! Quelle pêche ce p'tit bout d'femme!



Dernière crête, dernière longe, puis descente finale à travers les cailloux (pour changer). On a en ligne de mire la 2ème équipe féminine qui est juste quelques minutes devant. A ce moment on se dit que c'est peut-être jouable de les rattraper.


Le temps d'un court arrêt au stand pour remplir les flasks et les deux gazelles qui nous précèdent ont complètement disparu de nos radars. On fait une bonne descente mais sans jamais plus les revoir. On franchit la ligne en 4h29, 3ème femme (du mieux: à 4' des 2ème), 17/135 au scratch (13%).

Etape 3: 



La dernière et la plus courte des trois étapes, a priori la plus roulante aussi avec comme seule difficulté l'ascension de la Roche Pastire par un couloir que tous nous annoncent comme très (très très) raide. Lorsque le départ est donné je suis impressionnée par la vitesse à laquelle tout le monde démarre. Certes, je ne vais peut-être pas vite mais j'ai l'impression qu'il ont tous pris comme tactique "partir vite et accélérer"! Pour nous (moi) c'est plutôt partir comme je peux et essayer de gérer! On ne met pas longtemps à raccrocher l'élastique. Mélanie est surmotivée, elle tire autant qu'elle peut. Je suis déçue pour elle de ne pas pouvoir faire mieux mais je fais mon maximum avec les capacités du moment. En bas du couloir de la roche Pastire, je lève la tête pour voir le couloir qui nous attend: im-pre-ssio-nnant! Mélanie est en pleine forme. Pour plus d'efficacité, elle attrape l'élastique de la main gauche et tire avec le bras en même temps qu'elle avance. Effet garanti! Il m'arrive dans cette montée d'avoir les pieds qui touchent par terre mais pas souvent!


Montée vers la Roche Pastire, c'est raide! Photo: organisation

Au sommet il y a une ambiance du tonnerre et la vue que l'on découvre est magique avec le lac de Roselend en contrebas et le Mont Blanc en ligne de mire. Sur toutes les crêtes qui suivent je me dis que quand même cette course est formidable, tellement unique, tellement belle. Je suis presque déçue d'aborder la descente finale, j'aurais bien refais un petit tour de manège!



On arrive à se perdre à 20m de l'arrivée (!), petit retour en arrière, puis on franchit la ligne pour une dernière fois en 2h57, 3ème femme, 31/134 (23%, aïe). Ainsi s'achève notre 1ère Pierra Menta. Merci aux organisateurs de nous avoir fait vivre ça, c'est vraiment une course extraordinaire. Merci à Endurance Mag pour le beau cadeau (vous aviez raison de miser sur les girls!). Et un grand grand grand merci à Mel(astique) pour la bonne ambiance, les fous-rire et le remorquage du poids lourd! :)





samedi 30 mai 2015

Maxi-Race façon TTT

Nouveau RDV en ultra inconnu, destination la maxi-race,  85km pour 5300+, du côté d'Annecy.



Ce n'est pas l'objectif principal de ma saison mais c'est une grosse course et j'aime quand ça bagarre (mon frère confirmera). La motivation est là mais l'inquiétude aussi un peu car depuis une semaine je ressens un point douloureux à côté du talon d'achille droit. Je me persuade que c'est psychologique, que non, je ne suis pas blessée, que oui, je vais pouvoir la faire cette course. Je suis tellement dans le déni que je ne fais rien de la semaine pour essayer de régler le problème: ni glace, ni pomade. Rien, puisque je vous dis que je ne suis pas blessée!

Cette course est aussi l'occasion d'un rassemblement TTT. Nous sommes une quinzaine la veille au camping de Lathuile. A 19h30 je me dis intérieurement "bon demain levé 3h30 du mat, ce serait bien qu'on mange bientôt". A 20h Mich sort les cahouètes et le saucisson, Fabrice les bières belges. Ca ne sent pas bon cette histoire! Les bières s'enchainent, les tucs aussi. 21h passé quelqu'un (que je ne remercierai jamais assez!) a un éclair de génie "il faudrait peut-être qu'on lance les pâtes non"? A quoi Mich répond "oh non sans moi, plus faim, j'ai mangé trop de sauciflard"! Ah c'est beau la diététique sportive façon TTT! :) 21h30 les spaghettis sont prêtes, merci Fabrice et Aurel. 22h passé je lâche la meute avant la farandole de dessert. C'est pas tout mais ce serait bien que je dorme quelques heures quand même... Certes la nuit est plus courte que prévu mais l'avantage de tout ça c'est qu'entre tous les fous-rires je n'ai pas eu le temps de m'inquiéter pour la course du lendemain.

Samedi matin, réveillée à 3h30 du mat', les joies du trail. A 5h top départ. Partie devant, je trouve que ça part vite et me fais pas mal doublée, mais c'est une habitude. Ce qui est plus inquiétant c'est que la pointe douloureuse dans la cheville droite n'a bizarrement pas disparu en une nuit. Mais pire que ça, plus les km passent (pas vite), plus j'ai mal. Ca m'inquiète et je cogite beaucoup: c'est quoi cette blessure? Est-ce que ça va tourner en tendinite? Je me dis que je préfère ne pas finir la course plutôt qu'être éloignée 6 semaines des baskets. En même temps ça me ferait mal au c** d'abandonner si ce n'est rien. Bref, je me pose plus de questions que je n'avance. Arrivée au Semnoz, après 2h15 de course, j'ai déjà 12' de retard sur la tête de course féminine. Certes cette partie roulante n'est pas à mon avantage, mais quand même, l'écart est énorme! Pourtant je souris peu avant le sommet: on double les derniers concurrents des championnats du monde, deux koréens qui n'ont pas l'air d'avoir souvent marché en montagne (sans parler de courir). On leur a quand même pris 1h30 en 2h de course!

Je me rassure dans la descente vers St Eustache: passé les 1ers pas, je n'ai plus du tout mal à la cheville. Ouf, ce n'était rien, c'est passé (un cierge pour le dieu du trail). Je déchante peu après dans la montée vers le col de la cochette. La douleur reprend et de plus belle. Sur les crêtes du col, j'ai vraiment très mal à chaque pas. Je n'arrive plus à courir. Je me dis que ça ne peut pas durer. Cela ne fait que 30km et vu comme la douleur augmente je ne pourrai pas continuer 50km comme ça. Je sors le portable et annonce à Cyril que j'abandonnerai à Doussard. Premier abandon sur blessure. Cyril a l'air déçu pour moi. Mais dans la descente qui suit rebelote: je n'ai plus du tout mal. En fait cette douleur n'apparait qu'en montée et à moindre mesure sur le plat. En bas de la descente je ressors le portable "Allô Cyril bon écoute apporte quand même le ravito à Doussard, on ne sait jamais..." Je l'entends sourire à distance. La succession de bosses qui suit se passe relativement bien. J'ai mal mais la bonne nouvelle c'est que la douleur semble se stabiliser.

Arrivée à Doussart. Photo Fabrice Préau.


Alors que voilà Doussard, ma décision est prise: je vais serrer les dents et continuer. Je me rassure en me disant que les descentes passent sans douleur et que dans la suite du parcours, des descentes il y en a beaucoup (des montées aussi, certes, mais n'y pensons pas). Je m'approche de Cyril et des TTTboys pour la ravito perso. Mich me donne les écarts sur les filles qui me précèdent, m'encourage, me donne les écarts sur les filles qui me précèdent, m'encourage, bref, le moulin à parole est en marche. C'est sympa mais je suis toute déstabilisée: d'habitude Cyril sait qu'il ne faut pas me parler, juste remplir mes flasks et me laisser faire mes petites affaires: laisser les emballages vides, choisir mes barres pour la prochaine portion. Avec Mich qui me parle, je ne sais plus trop ce que je fais, je prends des barres, les repose, les reprends, les repose, au secours, je suis perdue! Je récupère même des emballages vides que je venais de laisser et manque de repartir avec une seule flask! J'ai deux neurones qui marchent et tous sont à l'écoute de Mich. Je finis quand même par repartir, heureusement avec assez de ravito jusqu'à la prochaine assistance.


A Doussart. Photo Fabrice Préau.

Jusque là, je suis assez déçue du parcours car nous n'avons eu presque que de la forêt et la forêt c'est vert, c'est marron et c'est monotone. En fait depuis le début, seul le Semnoz nous a offert une vue dégagée, certes très belle, mais trop courte. Avant la course, tout le monde m'a dit "à partir de Doussart, tu vas voir, ça va te plaire, c'est plus de la montagne". Je me réjouis donc de cette deuxième partie du parcours. Pourtant la forêt nous accueille encore jusqu'au col de la forclaz mais nous en sortons peu après (ouf!).

Col de la Forclaz. Photo Claude Eyraud.

Ce n'est qu'à partir du col de l'Aulp que cela devient effectivement assez alpin. C'est ma partie préférée de la course mais le bonheur n'aura duré que quelques km. La descente qui suit le  col Lancrenaz est plutôt difficile avec une multitude de pierres qui roulent sous les pieds mais dont je me sors plutôt bien. Suivent quelques bosses puis le deuxième point d'assistance, Menthon St Bernard où je retrouve Cyril et Fabrice. Celui-ci reste silencieux, il a du être briefé! Je fais mes petites emplettes et repars rapidement. Il ne reste plus qu'une bosse avant l'arrivée et je veux en finir surtout qu'on m'annonce avoir repris un peu de temps sur les filles devant.  La montée est longue et raide. Je suis les pas de deux coureurs droits sur leurs batons alors que je suis pliée en deux en appui sur mes genoux. La différence de taille est impressionnante. En fait j'ai presque le visage au niveau de leurs jolis culs musclés. Je savoure: c'est pour ces moments là aussi que je cours sans baton! :) (n'est ce pas Isma)

A peu près à mi-pente je double Carine. C'est la première fois depuis le départ que je double une fille hors championnat du monde. Du coup je suis un peu perdue et je l'encourage en anglais "go go go follow me" (mais pas trop quand même). J'arrive au mont Baron avec une belle vue sur le lac qu'en bon traileur proche de la nature je regarde à peine. J'entame la descente en heurtant mon gros orteil gauche sur un rocher, ça fait mal mais ça rééquilibre les forces: entre le tendon gauche et l'orteil droit, c'est maintenant les deux jambes qui boitent! Je limite la casse dans la descente avant de rejoindre le bitume adoré puis l'arche en plastique non moins adorée. Je souris intérieurement et extérieurement. Je n'aurais pas donné cher de ma peau en début de course. J'ai eu mal pendant toute la course mais on n'abat pas si facilement une isogirl. Finalement il suffisait de serrer les dent et d'avancer les pieds. Et non le contraire.




Je franchis la ligne en 11h03, 2ème femme, 41ème/1386 au scratch (3%). Je suis contente de la manière et du chrono. Un grand bravo à Mélanie qui finit 14' devant et avec qui je ferai équipe pour la prochaine étape (Pierra Manta d'été). Cette fois il faudra bien que tu m'attendes!

Pour finir un grand merci
- au TTT pour ce week-end vraiment très sympa, dans la bonne humeur et la simplicité.
- à Cyril pour l'assistance et tout le reste. Surtout le reste d'ailleurs.
- aux bénévoles dont le nombre m'a impressionné, et le sourire aussi. Bravo et merci à vous tous, la journée à du être longue!
- aux organisateurs pour leur joli cadeau de moon boots qui vient à point nommé pour mes prochains trails! ;)

Oh les belles oversize! Photo Michael Peyrin.

La suite à la Pierra Manta d'été avec la team moon boots!


dimanche 26 avril 2015

Les cailloux des balcons d'Azur

Je l'attendais, le voilà: enfin arrive le 1er ultra 2015. J'ai enchainé beaucoup de sorties longues ces 4 dernières semaines, depuis le week-end à Mirmande, dont rien moins que 10h le week-end précédent la course. C'est une idée d'Alain qui me coach cette année. C'est la 1ère fois que je fais tant d'heures si près d'un ultra mais je fais confiance au coach. Ce gros bloc d'entrainement s'est d'ailleurs bien passé, malgré une petite alerte au mollet droit mais rien de grave (petite élongation soignée après 4j d'arrêt).

Je suis contente de découvrir une nouvelle région, de nouveaux sentiers et de retrouver l'ultra. Contente aussi de passer la veille de course avec Rach et Samia à Antibes, même si j'aurai du coup zappé la sieste. Mais les copains d'abord! Couchée de bonne heure samedi soir, la nuit sous la tente est plutôt bonne. Le réveil à 3h30 l'est moins.. Pour ne pas réveiller Cyril, je prends le petit dej dans la voiture. Dans la camping tout est calme. Tu m'étonnes, on est dimanche et il est 4h du mat'! Je croise dans les sanitaires une campeuse, à moitié réveillée, qui doit se dire que je suis folle en me voyant débarquer en petit short, frontale et dossard à 4h du mat'. Elle n'a peut-être pas tort.

Départ donc à 5h du mat' depuis la plage de Mandelieu. Au programme, l'ultra trail des Balcons d'Azur, 80km et 3500+.




Je suis côte à côte avec Mayou sur la ligne de départ. Ce sera d'ailleurs le seul moment de la course où l'on est si proche, malgré tous mes efforts pour le rattraper plus tard. Mais c'est qu'il est corice le voisin!

Je prends un départ assez bon, c'est-à-dire prudent sans être trop lent. Quelques gars me doublent sur la première demi heure mais rien d'anormal. A un moment, j'entends des pas de félin derrière moi. Inutile de me retourner, je sais que c'est une féminine. Elle me passe peu après et je n'envisage même pas un instant de la suivre: toute cette première partie de course est roulante et nous n'avons pas la même vitesse. Je me dis que la route est encore longue et qu'on verra plus tard (en fait non, je ne la reverrai qu'à la remise des prix!).

La nuit se lève peu à peu et j'admire le paysage. La lumière particulière du sud et les sommets dépassant de la brume en contre-bas donnent une sensation très particulière. Arrive le 1er ravitaillement, col Notre Dame, où je prends un verre d'eau. Il faut dire qu'il n'y a que de l'eau... et des pains au chocolat! Véridique! Chapeaux aux coureurs qui auront osé!

La course continue et ça devient de moins en moins roulant. Moi qui pensais être peinard à courir le nez en l'air et admirer la vue sur la mer, il va falloir que je revois mes plans! Au 2ème ravito, à Aguay, je retrouve Cyril qui me fait l'assistance. Je lui dis que finalement ça va être plus chaud que prévu. Il n'y a pas que dans notre jardin qu'il y a des cailloux, l'Estérel se défend plutôt bien!

A partir de là j'entre en mode automatique. Se mettre dans sa bulle, couper les neurones et juste avancer les pieds, c'est la meilleure tactique sur ultra. Je coupe tellement le cerveau qu'en suivant un gars devant moi, je me retrouve juste derrière lui alors qu'il s'est arrêté net et semble chercher quelques chose devant lui. Etonnée, je lui demande si tout va bien, à quoi il me réponds "ben ouais je pisse là".... Ah OK en fait on n'est même plus sur le chemin... Moment de solitude. Je repars avec le sourire. C'est la première fois que je la fais celle là!

Arrive le 3ème ravito. Je m'apprête à remplir les gourdes alors que je vois Cyril qui me surprend à être là puisque je ne lui avais pas demandé. Cool, je remplis les gourdes et les poches avec mes produits préférés. Heureusement d'ailleurs car les ravitos me semblent particulièrement dépourvus. Enfin je vois quand même du paté en croûte. Après les pains au choc', les organisateurs n'ont décidément peur de rien! :)

Passage au pic cap roux avec une vue magnifique sur la mer. Ah ça change des Alpes! Nouveau passage au col Notre Dame où je retrouve Cyril. J'ai oublié de regarder s'il y avait toujours les pains au choc'! Dernier "gros" sommet (sommet des grosses grues, merci pour la poésie) où la vue à 360° est magnifique. Les méchants cailloux continuent de se mettre sur mon chemin mais bizarrement je me sens de mieux en mieux. Je m'étonne moi même d'avoir moins mal aux jambes maintenant que 4h plus tôt. Comme quoi l'ultra est plein de surprises.

Dernier ravito à Théoule sur mer (merci Cyril) avant d'aborder la dernière bosse. Ici se trouve le seul bémol de la course: une boucle de presque 2km qui nous fait revenir exactement au même point. Rien de particulier sur cette boucle. La vue est belle, très belle même, mais c'est guère différent de ce que l'on voit juste après. Je m'interroge toujours: quel est son intérêt? Est-ce pour les points UTMB? Enfin bref, je continue ma course et ma remontée au classement. Je me sens vraiment bien, je double de nombreux coureurs. Beaucoup sont en fait sur le 47km mais c'est toujours bon pour le moral. Je finis sur les chapeaux de roues. De mémoire, je n'ai jamais fini aussi bien un trail. Je finis en 9h40, 2ème F (18/152, 12% scratch). Bien contente de cet ultra: c'était une belle course, dans les deux sens du terme!

Petit short et grand sourire à l'arrivée.

Pour finir, une fois n'est pas coutume, je voudrais donner un carton jaune à celle qui finit 1ère F. J'apprendrai en effet quelques secondes avant la remise des prix qu'elle a couru les 30 derniers km avec un pacer sans dossard qui lui donna barres et boisson dès que nécessaire, donc en particulier en dehors des ravitos. Ce carton jaune va donc à l'athlète en question (qui pourtant n'est pas novice dans le trail, donc je suppose qu'elle connait le règlement) ainsi qu'à l'organisation qui n'a rien fait: personne ne les a arrêtés, aucun bénévole ne leur a rien dit alors qu'ils sont passés ainsi, sans se cacher, aux nombreux pointages. Je ne voudrais pas polémiquer là dessus, ni même paraitre pour un mauvaise perdante: elle avait déjà 20' d'avance quand elle a rejoint son pacer et à l'arrivée c'est 35' qui nous séparent. Honnêtement c'est énorme et sa victoire est incontestable. Je reconnais sans rougir qu'elle méritait la 1ère place. Seulement j'aurais préféré que cette victoire se fasse dans les règles, pour ne pas avoir besoin de me poser ces questions justement. Bref, passons, l'important ce n'est pas sa course mais ma course, et sur celle-ci j'ai des raisons de me réjouir! :)

Et maintenant, cap sur la maxi-race!


dimanche 29 mars 2015

Stage TTT à Mirmande

Ce week-end est l'occasion du premier stage TTT concocté avec amour et sueur par notre meilleur G.O., j'ai nommé Mayou. RDV donc samedi matin au camping de Mirmande pour un petit entrainement tous ensemble. Mayou propose de suivre les rubalises du trail de l'après-midi mais après 10' on s'arrête devant la difficulté à avancer même en marchant (pente raide+branches+racines+cailloux=on n'est pas des sangliers quand même). J'entends même "non c'est pas possible c'est pas un chemin ça doit être pour un inventaire forestier". On fait donc demi-tour vers des chemins plus praticables, de l'autre côté de la vallée, qui sont en fait les derniers km du trail. L'entrainement se termine dans la bonne humeur par des séries de PPG dont Mayou a le secret: en avant, en arrière, sans les pieds, sur les mains. Rien n'arrête le coach. Après l'entrainements on croise l'organisateur à qui on pose la question qu'on n'aurait décidément jamais dû poser "les rubalises là, dites-nous, c'est pour quoi?" "Ben c'est le balisage du trail". Ahhhhhh OK ça promet cette histoire!! Sortez les sangliers!

Après l'effort, le réconfort: séance pique-nique à 12 TTT dans le mobile-home vu le temps mitigé. Au moins on se tient chaud! Sieste pour certains, toursme express pour d'autres, puis il est temps d'accrocher le premier dossard du week-end. L'amuse bouche sera 12km 800m+.



Habituée des ultra, cette distance me fait peur: je sais qu'il va falloir courir vite, faire monter le coeur et tenir sans exploser. Et ce n'est pas mes points forts, loin s'en faut! Départ donc, traversée du camping, puis premiers sentiers de sanglier. Au moins la reco avortée du matin nous aura donné une idée de la bête! Après 2 bosses petites mais costaud, traversée du joli village de Mirmande. On m'annonce en tête, rien de grave, c'est qu'on est peu nombreuses! Je me dis qu'il va falloir tenir tout en en gardant sous la pédale pour demain.

Traversée de Mirmande avec Lionel àmes trousses

Les km suivant sont plus roulants, avant une dernière bosse les derniers 200m sont tellement raide que certains (je ne balancera personne!) feront des virages sur ce chemin tout droit. Ca c'est du dré dans l'pentu! Dernière descente que je connais puis nous l'avons prise le matin même, puis arrivée. Je finis dont 1ère F en 1h23 (27/186, 15% scratch) mais je sais très bien que sur un parcours comme ça une fille comme Elisa me mets 15' sur un seule jambe. Enfin bon peu importe, je suis quand même contente de ma course. Le cardio indique pas loin de 160 sur toutes les montées. Ce sont des puls de mamie néanmoins je sais qu'il y a quelques mois encore je ne les aurais pas tenues.

Mamie fait monter le coeur sur les 12km.
Pasta party au camping où on a du lutter pour avoir du rab' de pates. C'est qu'on mange nous les sportifs! Bonne nuit, puis nouveau dossard. Faudrait pas se refroidir. Au programme du jour donc, 47km.



Je suis assez confiante au départ. Malgré la course d'hier, j'ai l'impression d'avoir de bonnes jambes. Je décide donc de jouer ma chance: partir relativement vite pour ne pas être coincée sur les premiers sentiers étroits (c'est le même départ que la veille), surtout qu'on est assez nombreux au départ puisque le 27km part en même temps. La première bosse passe bien. Sur la 2ème je me dis "ouhla ça commence à brûler dans les cuisses cette histoire". Sur la 3ème "cocotte, arrête de faire la belle si tu veux finir il va falloir ralentir". Dont acte. 2 féminines me passent, pas mal de gars aussi. Je ne suis vraiment pas bien, je dois marcher là où tous les autres continuent à courir. Ce n'est jamais facile pour le moral mais je connais la chanson: "assure, t'inquiète pas, ça va revenir". Le parcours du jour est bien plus roulant que celui de la veille. Je prends moins de plaisir. C'est aussi sûrement parce que je suis moins bien. Finalement, bon an mal an ça va effectivement un peu mieux, ce qui me permet de redoubler sur la fin. C'est toujours ça. Voilà l'arrivée, pas mécontente d'en finir.


Arrivée sous le regard amoureux de Cyril (comment ça non????)
Je finis donc 3ème F en 5h38 (38/112, 34% scratch)... Ca a été dur aujourd'hui! Et ça se voit sur les puls qui sont de l'ordre de 20 puls plus faibles que la veille, malgré une relative stabilité (on se rassure comme on peut...).

Mamie est fatiguée.
Ainsi se termine ce premier stage TTT qui de l'avis de tous fut excellent. On s'est bien amusé, on a bien couru. Côté perf, mon manque de fraicheur sur le 2ème jour m'inquiète un peu à 4 semaines de mon premier ultra. Il va falloir faire du volume mais pas d'inquiétude, Alain veille au grain.

samedi 7 mars 2015

Le retour aux affaires

Plus de 4 mois que j'ai décroché les épingles de mon porte-dossard. Ca fait presque bizarre ce matin de refaire ces gestes dont j'ai pourtant l'habitude: accrocher le dossard en veillant à ce qu'il soit parfaitement horizontal sinon c'est prouvé, je ne ferai pas une bonne course (au moins). Préparer les flasks avec ma boisson préférée (hydrate & perform cranberry). Choisir mes barres (1 pulse et 1 protéin pour l'arrivée), gel (menthe), les mettre dans les poches de mon sac qui vont bien. Je suis contente de retrouver cette petite routine. Même si le levée à 5h20 du mat un samedi matin, bizarrement, ça ne m'avait pas manqué!

Au programme du jour: la Black Mountain Race, version 32km, au départ de St Amans-Soult.



Ce week-end est l'occasion d'un rassemblement isostar et c'est en délégation que nous arrivons. Les jaunes squattent la ligne de départ. C'est pour la photo car je sais pertinemment qu'il va vite falloir que je me range pour laisser passer les bolides et rejoindre les trotinettes.

Les poussins sur la ligne de départ

32km, c'est censé être court pour moi pourtant d'emblée je vois que je n'ai pas du tout les jambes et que ça va être long cette histoire! On commence par 800m de bitume avant de rejoindre la piste forestière. Le profil n'est pas compliqué, c'est grosso modo une longue montée jusqu'au pic de Nore, en pente douce et à 99% sur piste forestière, malgré quelques passages de sanglier. J'ai toutes les peines du monde à courir, même sur le plat. A un moment je me fais même la réflexion qu'après 100km sur la diag, je courrais sûrement plus vite! Bon d'accord, ce genre de profil très roulant n'est pas ce que je préfère, loin s'en faut, et j'avais prévu de faire cette course comme une sortie longue pour me préserver pour le Ventoux le week-end prochain. Donc ma vitesse (si on peut appeler ça comme ça) et mon classement, c'est plus ou moins ce que je pensais faire mais ce qui est plus inquiétant quand même c'est que pour en arriver là il faut que je me donne! Je suis surprise, et quelque peu déçue aussi, car j'ai enchainé de bons entrainements ces derniers temps (merci en passant à Alain de s'occuper de mon vaste chantier) et je pensais être bien plus en forme que ça. Enfin bref, il faudra faire avec, ou plutôt sans aujourd'hui.



23km de pistes forestières en pente douce et on sort de la fôrêt pour la plus belle partie de ce trail. Quelques km dans la neige pour nous rappeler que c'est encore l'hiver, malgré le temps printanier aujourd'hui, puis le sommet du jour. La vue du pic de Nore sur les Pyrénées est vraiment belle. Cette journée est magnifique, grand ciel bleu et pas une once de vent, ce qui est rare ici apparemment. Avec ma vitesse de mémé, l'avantage c'est que j'ai le temps d'en profiter!!

On attaque la descente qui sera la partie la plus technique ou du moins la moins roulante. La descente normalement c'est mon fort, pourtant sur les premières minutes je peine encore. Au fur et à mesure je retrouve le relâchement et un peu de vitesse. Je double pas mal de coureurs (une partie étant sur l'autre course, le 17km) mais je ne suis toujours pas facile. Je suis contente de voir l'arche, passée après 3h21, 5ème F, 49/264 scratch (19%).

Les sensations n'étaient pas au RDV aujourd'hui pourtant la gestion de course a été bonne. Pour la première fois j'ai porté un cardio sur une course et je suis contente de voir la régularité cardiaque. Le coeur est ok, maintenant il va juste falloir retrouver les jambes!

Autour de 88% FCM sur toute la course (pb de cardio les premières et dernières minutes)

Je comprendrai le lendemain ces jambes coupées: je fais une récidive+++ d'une infection urinaire traitées en début de semaine et dont je pensais avoir guéri. Comme dira le doc le lendemain, il faut parfois donner le temps à son corps de guérir complètement. Participer à cette course n'était a posteriori pas une bonne idée. Résultat des courses: un traitement assez lourd d'antibios et je ne participerai pas au Ventoux que je voyais pourtant comme la 1ère vraie course de reprise. Le prochain RDV sera donc le trail de Mirmande lors d'un rassemblent TTT.

Pour finir je voudrais tirer deux coups de chapeaux. Le premier à l'organisation du Black Mountain Trail dont c'était la première édition. Le déroulement aux petits oignons ferait probablement rougir bien d'autres courses. Un chiffre qui résume tout: 170 bénévoles pour 700 coureurs! Je ne connais pas bien les lieux mais sur le parcours tout de même, j'aurais bien vu quelques petits singles supplémentaires! Le deuxième coup de chapeau à l'équipe  des jaunes et noirs. J'ai passé un excellent week-end, un mélange parfait de sport, amitiés et décontraction. Merci à tous d'être aussi sympas, et vivement le prochain rassemblement! :)

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