samedi 16 juillet 2016

Eiger Ultra Trail 2016 - Juste magique!

Après Madère en avril dernier, voici avec l'Eiger Ultra Trail ma 2ème participation à l'UTWT 2016. Cette course, je la connais à moitié puisqu'il y a 3 ans j'avais couru le 50km. A l'époque déjà je m'étais dit que ce coin était décidément magnifique. Je suis donc triplement contente d'être de retour: contente de revenir dans ce beau pays où j'ai habité plus de 5 ans et qui m'a tant plu, contente de pouvoir prendre ma revanche sur l'UTWT après une 1ère course mitigée à Madère, contente de retrouver la concurrence sportive car ces gros rendez-vous, c'est quand même ce qui me motive le plus. Vous l'avez donc compris, je suis remontée pour cet ultra de 101km pour 6700+.


Le départ est donné à 4h30 de Grindelwald. Je ne mets pas longtemps à voir que j'ai des bonnes jambes, c'est assez rare pour être souligné! Tellement de bonnes jambes que je double même quelques personnes sur les 1ers km, je pense que c'est une première! Les 3 premiers km sont courables, ensuite c'est marche obligatoire (pour moi du moins). Ouf, marcher c'est quand même ce que je préfère dans le trail. Parfois je me demande si je ne me suis pas trompée de sport! La montée jusque Grosse Scheidegg (km8) se passe bien. Le soleil se lève peu à peu et le paysage qui se découvre est juste somptueux. Ciel orangé, herbe verte fluo (à croire que les suisses la peignent!), montagnes blanches neige. J'hallucine du spectacle. Les 5 km qui suivent se font sur un sentier ultra roulant en balcon qui n'a pas grand intérêt en lui-même mais la vue est tellement OUF qu'il passe comme une lettre à la poste. L'avantage du roulant, c'est que je peux lever les yeux de mes chaussures pour me régaler du spectacle qui m'entoure. Et je peux vous assurer qu'il est plus beau que mes doigts de pied!

Bouche bée devant le spectacle du lever du soleil (photo: alphaphoto)

 Légère désillusion peu après néanmoins: une boucle complètement inutile du km14 à 22 avec une descente sur du bitume, particulièrement intéressante, même si la remontée est plus sympa. Cette boucle n'a pour moi pas d'intérêt autre que de rajouter des km pour arriver aux 3 chiffres mais j'ai du mal à croire qu'il n'y avait pas mieux à faire. Enfin bref, il suffit de prendre son mal en patience.

Arrivée à First (km22), je donne ma frontale (armytek) à Mathieu pour m'alléger (merci doudou!) et enchaine sans m'arrêter. Ca continue par un sentier en balcon, toujours roulant, mais le paysage est toujours d'une incroyable beauté. Musique classique dans les oreilles (play2run), magnificience des paysages, tout ça est d'une telle pureté, je suis dans un état second. Hasard des rencontres, je suis rejointe par Thierry que j'avais rencontré il y a tout juste 3 ans sur cette même course et avec qui j'avais fait un bon bout de chemin avant d'avoir la bonté de le laisser filer! lol

Toujours bouche bée (heureusement qu'il n'y a pas de mouche...)! (photo:Prozis)

Courte descente jusque Oberläger avant d'entamer la montée vers le point culminant de cet ultra. La montée se fait dans la neige glacée, ça glisse un peu mais je suis plus que satisfaite de mon choix de chaussures: les Saucony Pérégrine 6 (merci trailstore!) qui sont légères, dynamiques et avec une très bonne accroche. Elles ont largement détrônées mes ex-chouchou Leadville NB.

Premières neige dans la montée au Faulhorn (photo: alphaphoto)
Arrivée à Faulhorn, que dire, je n'ai pas les mots!! C'est juste hallucinant, magique, somptueux, magnifique, grandiose! Tellement beau! Ouahhhh le pied (les pieds?)!! La descente qui suit se fait dans la neige, ça glisse un peu, on s'enfonce parfois mais je m'amuse bien dans ce genre de sentier et avec Thierry on s'en sort plus que bien. On quitte la neige mais la descente continue. J'ai la galanterie de laisser Thierry prendre un peu d'avance (lol bis) mais le rejoins juste avant Burglauenen. Il marche et me dit qu'il va s'arrêter là, son genou est bloqué. Mince, je suis triste pour lui, il avait l'air en forme et j'aurais beaucoup aimé continuer avec lui, on formait une belle équipe! Ce n'est que partie remise Thierry! ;)

A Burglauenen (km53), je retrouve pour la 1ère fois Cyril, ainsi que Mathieu. Ils m'annoncent que je suis 3ème femme et que la 2ème (Kathrin Götz) vient juste de repartir. C'est confirmé peu après par un SMS de mon frère qui comme toujours me fait le briefing à distance. J'ai repris 8' à Kathrin depuis Faulhorn. OK, pas le choix, arrêt express, recharge des flasks (cranberry) et c'est parti pour la chasse!

Je monte bien et rejoins Kathrin à mi-pente. Là je me dis: "ok, elle est séchée, tu la doubles vite pour l'écoeurer et ensuite tu pourras gérer". Seulement il y a le rêve... et la réalité! Dès qu'elle m'aperçoit, gros coup de rein, elle me reprend mètre par mètre et je bascule sur le replat avec 1-2' de retard sur elle. Ah ça se complique cette histoire! Seulement je suis plus à l'aise en descente, surtout quand c'est un peu technique comme ici et recomble presque tout mon retard.

Au ravito de Wengen (km62), Kathrin est juste quelques mètres devant. Je remplis une flask sans même m'arrêter et repars juste derrière elle. Quand je vous dis que c'est la chasse! La montée jusque Männlichen est super raide, en fait c'est simple c'est tout droit dans la pente à travers les pare-avalanches. C'est original, probablement beau mais vous permettez pour l'heure je n'ai pas vraiment le temps d'en profiter!

La montée de Männlichen à travers les pare-avalanches (photo: alphaphoto)
Décidément, Kathrin monte mieux que moi et malgré tous mes efforts j'ai de nouveau perdu quelques minutes à Kleine Scheidegg. Cyril me motive en me disant qu'elle vient juste de passer. Idem pour mon frère que je sens super excited à l'autre bout du fil à en juger par le nombre de SMS qu'il m'envoit. Il sait bien que normalement il a droit à 1-2 SMS par pointage mais le voilà tellement excité par cette chasse qu'il en devient incontrôlable! Je recevrai la bagatelle de 20 SMS sur les 50 derniers km! :)

La remontée qui suit au pied du glacier est grandiose. J'ai les mollets qui chauffent mais des papillons dans les yeux. Ah vraiment qu'est ce qu'elle est belle cette course! La chasse continue ainsi avec toujours le même scenario: quelques minutes de retard au sommet que je rattrape en partie dans la descente.

A Alpigen (km90), Cyril est là mais je ne ralentis même pas. Ah ça valait bien la peine qu'il descende 1000m D- avec 10kg de matos que je ne toucherai même pas! L'assistance, c'est sûr, faut prendre sur soi! ;)

Les derniers km de chasse, avec la vallée juste derrière (photo: alphaphoto)

Donc la chasse continue avec un sentier dans la forêt puis une dernière petite bosse. Kathrin est quelques lacets au dessus de moi. Durant toute la montée je me dis "pourvu que la dernière descente soit technique, elle est moins à l'aise tu peux la rattraper". Mais lorsque la descente tant attendue arrive, c'est la douche froide: c'est de la route, juste ce que je voulais éviter. Je sais alors que je ne pourrai pas la rattraper. Je finis plus tranquillement, surtout qu'avec les chocs et l'intensité de ces 50 derniers km, mon estomac commence à me faire comprendre qu'il serait bon de ralentir (2 arrêts buisson...).

Allez, un dernier coup de c** pour la route et je vois l'arche que je franchis après 13h43, 3ème femme donc, 19ème scratch (5%). Je suis super contente d'en finir et super contente de ma course. Il m'a peut-être manqué le dernier coup de rein pour jouer la 2ème place jusqu'aux derniers mètres mais franchement, on ne va pas se mentir, c'est ma meilleure course jusque là. Je ne pensais pas pouvoir courir si longtemps à une telle intensité. J'ai sûrement passé un cap aujourd'hui.


Le bonheur de l'arrivée (photo: Cyril Pérot)

Je remercie les organisateurs de nous avoir pondu un si beau parcours. "Beau" n'est pas le terme, c'était carrément magique! Les plus beaux paysages que j'ai vus en course jusque là et surtout c'est grandiose du début à la fin. Vraiment un grand grand grand merci.

Enfin et comme toujours, je remercie ceux qui me soutiennent et me permettent de vivre de si belles aventures: isostar, Raidlight, trailstore, NaïtupPolar, BVsport, Stations de trail.

Prochain épisode, le championnat du Canigou en mode frère et soeur. Pour une fois le téléphone devrait arrêter de sonner le temps d'une course! ;)

4 commentaires:

  1. Merci de me faire découvrir mon pays :)

    RépondreSupprimer
  2. Bravo, super ton récit. Je vois que la forme est au RDV..... Je rentre de l'ultra Corsica : Magnifique, j'y retourne l'année prochaine.....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'ultra corsica, c'est aussi une course qui me dirait. A voir avec le planning l'an prochain... Et bravo Denis pour l'UMNT!

      Supprimer